Les bonnes manières, décidément, Papistache ne les acquerra jamais
Voilà plusieurs personnes, ces jours-ci, qui m’en font la remarque : Pourquoi ne pas tutoyer les internautes ? Tout le monde fait ça.
Je l’ai déjà écrit : Je ne sais pas le faire.
Ce serait plus facile de céder aux demandes, de faire comme tout un chacun, d’adopter les usages du média. Je me dis que je devrais le faire et puis, comme le petit garçon au bord de la piscine, qui se promet de sauter à l’eau, je me tétanise.
C’est certainement mal compris. J’ai, parfois, abandonné le vouvoiement lors de rencontres en tête à tête, et paradoxe dérangeant pour mon interlocuteur, je peux tutoyer l’un quand nous sommes face à face ou par courriel et le vouvoyer sur le blog.
J’essaie de me convaincre de me couler dans le moule et, le faisant, je sens monter en moi un malaise.
Autant il me semble être sincère et juste en usant du “vous” que je croirais ne pas être moi en usant du pronom “tu”. Nouveau paradoxe puisque Papistache n’est pas moi, mais un personnage de fiction que je manipule.
J’ai connu un chef de chœur qui tutoyait sa chorale. (Que diable allais-je faire en pareille compagnie ? moi qui ne chante pas.) C’était curieux. Je pense qu’il voulait que chaque chanteur se sente visé par ses réflexions.
— Tu vas recommencer, mais dix fois moins fort, tu verras que ce sera beaucoup plus joli.
Que l’une ou l’autre, au gré de ses commentaires, me tutoie ne me gêne pas. Je ne suis même pas sûr de le remarquer à tout coup.
Hier, je découvre un blog nouveau. L’ambiance champêtre me plait. Je dépose un commentaire demandant la permission de revenir. En vouvoyant l’internaute. Celle-ci me répond, fort gentiment, en doublant tous les pronoms (tu/vous) comme si elle voulait me faire comprendre que si je désirais poursuivre ma visite, il serait bon que je déserre ma cravate, moi qui ne me suis jamais montré en pyjama devant mes filles.
Je ne suis pas à l’aise avec ce tutoiement. L’anonymat des correspondances “virtuelles” ne m’aide en rien. Avec le vouvoiement, je me sens bien. Je ne vais rien changer. Ça tombe bien, je n’aurais pas su faire !