Les voyages immobiles, s'ils préservent les souliers, usent les claviers
Le clavier de mon ordinateur aurait besoin d’un petit coup de...
aspirateur : oui, mais ce n’est pas le sujet du billet du jour ;
peigne : ? ;
peinture : exactement.
Peinture noire.
Certaines touches s’effacent.
Qu’en pensez-vous docteur ?
Le A est à demi effacé. Idem le E, quasi disparu.
Il manque un jambe au R, le T refroidit et le U est percé.
Le I tient le choc, quoiqu’il ait raccourci.
le O fait pitié, on dirait un fer à cheval.
Le S a le teint pâle et le L n’est plus majuscule.
J’ai dû abuser du point admiratif on le confond avec les deux points.
Le point du pavé numérique est intact mais les lettres “Suppr” évanescentes.
La flèche orientée vers le bas s’estompe chaque jour.
Quant à la touche “entrée”, on croirait un galet poli par les vagues de la Manche.
Je résume :
A E R T U O S L ! .
De quels mots ai-je pu abuser pour conduire mon clavier à cette extrémité ?
L EAU SORT !
Parlerais-je trop de la pluie ? De mes larmes ?
TORSE ALU !
Aurais-je abusé de la description des poils argentés qui couvrent ma maigre poitrine.
TARE SOUL !
Assurément je n’ai jamais osé me présenter ainsi.
TROU SALE !
Je n’y pense pas un instant !
LA ROUSTE !
Dommage que le T ne fasse pas S plus souvent !
OU LE TSAR !
Oui, où ?
O TSAR ELU !
C’est trop de la moitié !
LE SOT RUA !
LE ROT SUA !
O TU RALES !
Pensez-vous ?
OSA LE RUT !
ROTA SEUL !
SOU LA TER !
Oh ! Mais j’y pense.
Ce n’est pas cela que j’aurais dû faire ce soir.
J’aurais dû éviter ces lettres trop usées afin de les ménager.
Imbécile que je suis.