De fil en aiguille
Sandrine tricote sur des bambous et elle aime ça.
Walrus tricota ; on se moqua de sa hardiesse et il renonça.
Et Mamoune brise ses aiguilles en trois à vouloir y monter trop de mailles.
Me voilà parti chez la mercière. Devant moi, une cliente réclame de la laine pour tricoter avec du N° 12.
— Aïe, du 12 ? Vous voulez dire du 8, raille la marchande de mailles.
— Il est noté 12 sur mes aiguilles, assure la cliente piquée.
Et, tandis que je patiente entre deux présentoirs, s’ensuit une intéressante conversation, de laquelle il ressort qu’à l’imitation des pointures et autres tailles de vêtements coexistent moult systèmes et que si Michelle Obama peut, sans qu’on lui rie au nez, cliqueter du 12, Tante Yvonne, elle, pour un rendu équivalent, n’usa jamais que du N° 8.
Le prince Charles, lui, devant plutôt se munir d’un lot d’aiguilles de taille 0 (prendrait-il l’initiative de lancer un concours d’écharpes en N° 8, so british, que Tante Yvonne — ou son successeur (avez-vous vu que successeur n’a pas de féminin ?) — serait obligée (voire obligé, si le mariage homosexuel parvenait à s’imposer) d’user du 4 et madame Obama du 6.
Il existe, certes, une table de conversion mais à chacun sa foi, et je me garde bien de vouloir convertir qui que ce soit.
Quand ce fut enfin mon tour, j’avais oublié complètement ce que je venais chercher. Mais, comme disait ma grand-mère :
— Quand on n’a pas de tête, on a des jambes !
Et le vieux Papistache de tricoter des pinceaux pour revenir s’enquérir de sa mission auprès de sa blonde.