Bouvard et Pécuchet
Alain Finkielkraut le disait hier, sur France Inter, « l’École n’est pas en crise… elle est morte ! »
Et le matin même, un animateur de la dite station de radio — ou un journaliste —, d’un ton enjoué, balançait à quelques millions d’auditeurs :
— C’est le printemps, les arbres se couvrent de bourgeons.
Et je songe à ces institutrices qui s’efforcent d’ouvrir les yeux de leurs élèves en les aidant à découvrir que les bourgeons étaient déjà là au cœur de l’hiver… et je songe encore que la lutte est inégale, que les approximations, fortes des labels « Vu à la télé » ou « Entendu à la radio », et répétées à l'envi sur tout le territoire, viennent battre en brèche les fragiles observations des écoliers les plus attentifs.
Je tente de me consoler en me convainquant qu’à l’heure de cette saillie printanière les enfants étaient à l’école à observer, peut-être, quelque graine mise à germer dans un buvard humide ou à scruter quelque phasme en pleine mue, voire à construire une maquette d'éolienne ou un simple moulinet de bristol. Mais…
« Ô vous tous, ma peine est profonde :
Priez pour le pauvre Gaspard ! »