Orgasme land
— Mais qu’est-ce que c’est que c'bordel ? Je n’t’avais pas demandé de régler ça, hier ?
— Si ! J’ai essayé… mais ça a merdé. Et puis on parle français, maintenant ?
— C’est la traduction, tu sais bien ; chez nous, on n’cause pas… on pense. Mais, n’empêche, quel bordel !
— Tu t’en occupes ? Moi, j’ai déjà donné : la croix et la bannière !
— Ouais ! T’inquiète, je gère.
Et Dieu, s’apercevant du chaos du Monde*, eut une pensée.
Et sa pensée fut.
Elle ressuscita tous les morts.
Elle multiplia par cent le volume de la Terre** pour loger tout le monde.
Elle supprima tous les points noirs : jalousie, compétition, etc., enfin les dictionnaires de synonymes peuvent être consultés à la bibliothèque, mais on peut douter qu‘ils seront jamais empruntés ; elle supprima tout ce qui était à supprimer.
Elle rendit à chacun ses vingt ans ; aux nourrissons également.
Elle décréta que désormais l’état perpétuel des humains serait orgasmique.
L’effet fut immédiat. Il aurait pu être rétroactif, mais comme c’était parti pour l’éternité, aucun syndicaliste ni politique n’y trouva à redire.
Même les scientifiques, qui auraient pu se mettre en tête de calculer si tous ses orgasmes simultanés n’allaient pas risquer de ralentir — ou accélérer — la rotation de la Terre autour du soleil, furent trop occupés de leur propre jouissance pour s’interroger.
* « de la Terre » , mais, c’est toujours le même problème avec les traducteurs.
** comme quoi, les traducteurs, quand ils veulent !
J’entends déjà monter — à défaut de râles d’extase — des apostrophes : « Et ça commence quand l’éternité ? »
Alors, je réponds — mais, vous savez, les traducteurs ? ! — qu’il ne reste plus qu’à signer le décret d’application de la pensée divine et la partouze finale pourra commencer. Bon, ça peut peut-être encore prendre deux mille ans. Plus ? Ça m’étonnerait. Quoique ? Au regard de l’éternité ! Sinon ? Copé ou Fillon ? On saura quand ?