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Papistacheries
12 octobre 2012

Oeugénisme

— En rang par un ! Garde à vous, fixe !

Mais qu’est-ce qu’il lui prend, au Roger ? Un dimanche, alors que la maison regorge d’invités ! Il nous a alignées le long du mur, côte à côte, pieds nus dans l’herbe, dans notre état de nature — si nos mères nous voyaient —, face à l'airial, menaçant.

— J’ai des choses à vous dire, les filles. Je vous observe depuis un moment et j’ai accumulé des preuves. Je dois faire un exemple. Ça me brise le cœur mais je n’ai pas le choix.

Il a l’air mauvais, le Roger. C’est pas que d’ordinaire il soit désopilant mais là, aujourd’hui, il nous file à toutes la chair de poule. Pas une qui moufte. On le regarde sans comprendre. On attend.

— Françoise, un pas en avant !

La Françoise ? Il s’en prend à la Françoise ? Qu’est-ce qu’elle a bien pu faire cette grande gourdasse. On l’aime bien toutes, mais faut dire qu’elle sent le fumier la Cotentine, elle n’a pas inventé la passoire à laisser passer les nouilles mais pas l’eau. Elle s’est avancée comme Roger a demandé. Oh, mon dieu ! Je n’avais pas vu le billot derrière les jambes du patron. Il a sorti le billot et la serpe. La vieille Coucou des Flandres avait raison. On la croyait  gâteuse. Ce n’était pas un fake comme dit le Gaulois doré. Mais pourquoi la Françoise ?

— Les filles, je suis très fâché. Votre contrat est clair. La Françoise a transgressé l’interdit qui fonde notre communauté, elle va payer.

Trois secondes. Ça lui a pris trois secondes. Il a saisi la Françoise par les pattes, lui a posé la tête sur le billot et la lui a tranchée d’un coup de serpe. Tchac ! Ça a fait. Nous, tétanisées, on ne bougeait pas d’une plume. Roger s’est tourné vers ses invités qui avaient convergé vers l’aire en terre battue.

— Ça faisait moment que je trouvais des œufs dont la coquille était becquetée. Je me suis planqué à l’angle du poulailler et j’ai fini par remarquer le manège de la Cotentine. Ça arrive parfois. Ça leur servira de leçon. Y’en a pas une qui aura envie de jouer à ce petit jeu avant longtemps.

Il a ri et tous ses invités ont ri aussi. Le sang de la Françoise gouttait sur la terre sèche. Le Roger ne l’avait pas lâchée. L’œil de la Françoise nous fixait depuis le billot. Elle avait l’air un peu moins pintade qu’à l’accoutumée. Ils sont tous rentrés dans la maison. Le Gaulois doré a coqueliné, on a fait un pas, puis deux et on a repris notre quête de nourriture, en particulier des petit-gris. C’est bon pour les œufs, ça, c’est riche en calcium. C’est-ce qui l’aura perdue la Françoise, elle était rustique mais les escargots, ça la dégoutait. Si on avait deviné… Mais quand même, le Roger, il est pas banal.

Merci à Valérie qui a bien voulu me raconter la scène qu’elle a réellement vécue dans la ferme des parents d’une amie.

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Commentaires
T
ça file la chair de poule votre histoire....
O
Merci de remarquer que ce n'est pas une faute d'orthographe, MAP
M
"Oeugénisme" votre titre est parfait !!!
W
Pour l'exemple, je dis pas, mais pour les sanquettes, c'est nul tout ce sang gaspillé, Pierre Perret va pas aimer Roger.
T
Ca se passait ainsi chez une tante où j'allais souvent en vacances... Mais elle détestait faire cela, alors, sitôt le coup de hache donné, elle lâchait la bête qui se sauvait sans tête à l'autre bout de la cour... :-(
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