Perhaps, perhaps, perhaps
Les élèves de la classe d’Epouse-La-Chanceuse ont eu le bonheur de voir leur bulletin de participation à l’attribution d’une animation gratuite pour la protection du milieu aquatique tiré au sort.
Pas demain, l’animation. En juin. Demain, au bord de l’eau, le sang risquerait de cailler dans les veines des minots.
L’animation comprendra, notamment, une séance de pêche en étang. Sans doute les poissons, s’il s’en trouve de suicidaires, seront remis à l’eau.
Sans doute.
A ce propos, voici quelques jours, j’avais une discussion avec Valérie. Pour elle, la locution « sans doute » est, sans conteste, adverbe d’affirmation. Votre serviteur, vous l’aurez deviné, penchait pour un usage plus fréquent de la locution pour exprimer, précisément, un doute.
Logiquement — mais qui a dit que la langue obéissait à la logique — ce n’est pas moi qui devrais avoir raison.
— Sans doute = sans aucun doute, non ?
Parfois, oui, certainement. Mais comment la locution en est-elle arrivée à signifier le contraire de ce qu’elle annonce ? Car, à n’en pas douter, n’exprime-t-elle pas plus souvent l’incertitude que son contraire ?
Est-ce que le parler populaire considère que le souvenir même d’avoir douté ne suffit pas à rendre affirmative l’expression ? Le doute, dilué à 9 CH, serait-il toujours du doute ? Peut-être.
— Je viendrai sans doute demain.
— Eh ? Dois-je mettre la brioche au four où faut-il que j’attende une confirmation ?
Le poisson de l’étang, lui, a bien entendu qu’il sera relâché sur l’heure. Pas question de revenir sur une promesse. Moi, j’hésite. Et si l’animateur avait projeté une friture apéritive pour commencer le pique-nique ?
— C’est quand même la fédération pour la protection du milieu aquatique qui sensibilise, me souffle le petit peuple de l‘étang.
C’est que, épinoches mes amies, l’intitulé exact de l’association est : Fédération pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (FPPMA). Si j’étais poisson, je ne sais pas si je courrais l’aventure. C’est une chose de se laisser tenter par un ténébrion, c’en est une autre de se vautrer dans la farine, même si le ver, justement, s’en régalait avant de prendre son bain.
Sans doute mon propos, à l’instar de l’asticot empalé sur son hameçon, vous aura-t-il semblé entortillé, c’est que, voyez-vous, ce projet, auquel je participerai en qualité d’accompagnateur, a réveillé des souvenirs d’enfance de lignes emmêlées en un fouillis tortueux qu’aux dires de mes camarades de virée piscicole, j’étais seul à pouvoir débrouiller. De là, sans doute, ma propension à confondre mes lecteurs dans des propos bizarres et extravagants.