Pour faire mentir Virgibri (que j'aime bien, elle ne cesse de me faire rougir à force de compliments) usons d'un titre court :
Les Pêches
Les pêches sont mûres.
Au jardin, les pêches sont mûres.
Au jardin, les pêches mûres se meurtrissent en tombant.
Depuis deux jours, au jardin, les pêches mûres — trop mûres ? — meurtrissent leur chair tendre en chutant de l’arbre.
Ce matin encore — et depuis deux jours, déjà — les fruits du pêcher qu’on aperçoit à peine franchi le portail repeint de blanc au début de la saison, fruits gorgés de sucre et de soleil — il n’a pas manqué l’animal, cet été — meurtrissent leur délicate chair parfumée au rude contact avec le sol, qu’un été trop sec a durci comme l’argile dont on fait les briques qui parent les encadrements de fenêtres en ce coin-ci du Perche.
Ce matin encore, c‘est le troisième déjà — le Papistache se lève tôt, même le samedi, c’est un vice familier à ceux que la terre nourrit et régénère — les fruits du pêcher qui ombre le portail repeint de blanc, au début de la saison, et qui attire l‘œil du passant surpris de la profusion et de la dimension des fruits gorgés de sucre et de soleil — l’été 2009 restera sur les tablettes comme une année record en matière d’ensoleillement — meurtrissent leur délicate chair parfumée au rude contact avec le sol plus damé qu‘un trottoir ; la terre argileuse dont on fit longtemps les briques aux reflets irisés qui caractérisent les encadrements de fenêtres des maisons traditionnelles en ce coin-ci du Perche sonne quand une pêche lourde vient s’y éclater.
Au son sourd que rend la terre — ou serait-ce la pêche qui exhalerait une plainte ?— le Papistache montre son nez à l’encadrement de la porte ; il faudrait enrayer l’hécatombe ; sortir l’escabeau, les paniers ; de la main, paume offerte au ciel, cueillir le fruit souple ; distribuer de-ci, de-là, aux amis, aux voisins, la récolte ; en conserver une partie pour en emplir mille pots de la confiture que Mamoune saura — alchimie de saison — tirer du monceau parfumé des fruits étalés sur la table de la cuisine en émoi.
Il faudrait ?
Ami jardinier, non !
Considère qu’il te faut t’en charger sans remettre à demain.
Souffrez, chers amis, que je vous laisse ; j’ai, parait-il, du sucre à me mettre sur les mains.