Comme si dimanche devait durer toujours
Pas huit, pas dix, pas douze : vingt.
Vingt papillons au-dessus des crucianelles.
Non, je ne les ai pas photographiés.
Faites-moi confiance.
Le couple de tourterelles, sur le fil noir tendu en travers du jardinet, qui lâche sa colombine sur les pavots épanouis. Touché, coulé !
Des abeilles sur les fleurs du thym, des abeilles, des abeilles, tant, et tant que l’arbrisseau s’agite comme si le vent endormi ne s’éveillait que pour lui.
Dans les doigtiers ocellés de la digitale pourpre les bourdons s’enfoncent et, couverts de pollen, à reculons s’ébrouent puis recommencent à l’étage supérieur.
Deux, trois, cinq moro-sphinx. Pas un, l’an dernier, de toute la saison. Le moro-sphinx, oiseau-mouche de nos latitudes. Papillon de nuit butinant en plein soleil.
Dans la lumière du soir, des centaines d’insectes éclairés à contre jour. Poussières d’or agitées en tous sens. Les hirondelles, bec ouvert, se gavent des petites étincelles à cent à l’heure.
Et moi, sur une chaise, moi qui regarde bruisser la vie, les mains croisées sur l’occiput, jambes tendues, pieds croisés : la voix de Mamoune qui me berce tandis qu’au soleil refroidit le café allongé que je ne boirai pas.
Comme si dimanche devait durer toujours.