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Papistacheries
22 septembre 2008

Fil "AU CHINOIS"

Soit un fil et une aiguille.
Du fil ?
Mon beau-père en vendait au marché d’une ville bâtie à flanc de colline. Du filochinois , ses clients Maghrebins n’en achetaient pas. Du fil chinois ? Jamais !

J’en ai enfilées des aiguilles de fil de lin, de
filochinois à l’époque à laquelle je cousais, car, enfin, enfiler du fil de lin fin au chas d’une aiguille, c’était bien afin de coudre.
Que couds-je, que couds-je ?
Que cousais-je ?
Ne vous déplaise, je cousais... oh, pas grand chose en somme, je cousais mes souliers éventrés, mon sac de voyage déchiré, ma ceinture  malmenée, je cousais... je rapprochais les morceaux.

Je l’aimais bien le
filochinois, l’était si solide. Les souliers craquaient à côté de la couture, le sac bâillait d’une autre plaie, la ceinture cassait là où personne ne l’attendait.
J’enfilais des aiguillées de lin tressé et je cousais.

Je brodais également. Élégamment ? Ben, moi j’aimais !
J’ai bien dû broder une ou deux lettres d’amour au coton perlé. Les souris les ont mangées.
J’avais toujours une bourse remplie d’aiguilles et de fils.  Où j’allais, elle me suivait. Une bourse de cuir rouge aux glands vert pomme. Du cuir vert pomme pour des glands qui pendaient  aux cordons d’une bourse rouge remplie de fils dont certain
filochinois. Faits main, les glands, la bourse et les aiguillées que j’enfilais pour rapiécer mon équipement mité.

Je m’étais cousu un sac de marin en cuir blanc et chocolat. Deux longs pans chocolat, deux longs pans blancs, le fond blanc... Si large, si haut que je n’ai pas pu le soulever une fois plein, il est resté au port. Il m’y attend encore, qui sait, peut-être y a-ton amarré un paquebot en dormance ? Une bitte chocolat et blanc, voyez s’il y reste une bobine de fil, ce serait bien là le sac que je cousis voici tantôt quarante ans.
En cuir chocolat et blanc.

J’ai cousu des boutons que j’ai serrés si fort que le fil les a cassés au ras. C’est méchant le
filochinois, ça coupe. Je me suis coupé en tirant l’aiguille. Le petit doigt. Exposé le petit doigt. Exposé.

J’aimais bien le pointdenoeud. Un jour —
2ne ça m’a pris trois bonnes semaines — j’ai brodé un pommier 2neneen fleurs au pointdenoeud, puis une fleur de pommier 2nenene— ce qui n’est pas la même chose, puis une pomme verte, rougissante 3ne et encore verte, puis rougepomne et mordorée, et un trognon. Un trognon ! j’ai brodé un trognon !

Mon gilet avait bien dix poches, cinq à gauche, les autres à droite, le dos en satin fermière. J’aimais bien le satin fermièreferne, bon, ma virilité en prenait un coup mais j’assumais. Les sarcasmes, je les épinglais au revers de mon gilet, celui aux dix poches et au dos satin fermière.

La bourse de cuir rouge et aux glands vert pomme, je l’ai retrouvée avant-hier. Grisette l’avait emportée, trouvée au grenier certainement, puis, lassée d’elle, l’a rendue. Posée là, éventrée.

Éventrée...

Mais ce soir, je n’ai plus de
filochinois pour la rapiécer, les Chinois, les vrais, ceux de là-bas, ont dû faire capoter la maison qui torsadait ses  fils de lin. Vous croyez qu’on en trouve encore dufilochinois ?

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Commentaires
C
ma grand-mère paternelle était mercière mais avant d'avoir une boutique, elle allait vendre son fil et ses aiguilles en vélo dans les fermes.<br /> bisous
P
Miss-Ter, que de Miss-Ter dans cette Missive.<br /> Vous dites rarement de vous, alors ce soir... besoin d'un réconfort.<br /> C'est peu, mais je vous embrasse. Tenez bon !<br /> <br /> Ajouts brodés, Adi !<br /> <br /> Le trognon, c'était sur un autre vêtement que je ne possède plus. J'essaierai la photo d'ensemble, mon blog va en concurrencer certains qui ne parlent que chiffons et couture.<br /> <br /> J'ai vu, Saperli, une maison Vrau qui le commercialise. Qui réparerait aujourd'hui un cartable fatigué ?
S
ah le filauchinois ! Ma mère en avait toujours, du blanc et du noir, pour recoudre souliers et cartables. Donc moi aussi, bien que je ne recouse plus les souliers ...Je m'en suis servi il y a encore peu de temps pour recoudre un étui d'appareil photo de collection. Il semble d'après un site de vente sur le net, que la fabrication en soit reprise toujours dans le Nord de la France, d'où il était originaire.
V
Et le trognon? <br /> <br /> Dites, on pourrait avoir aussi une vue d'ensemble?
A
Papistache, oui j'ai appris cela mais aussi (et surtout?) l'existence de ce fil! <br /> <br /> Très jolis ajouts à votre texte en tous les cas :)
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