Meilleure ou pire
Je pars faire les courses. Il ne reste plus de lait et je désire fouetter une crème pâtissière. Épouse-À-Son-Bureau me lance :
— Prends la liste accrochée au réfrigérateur !
Je m’empare du papier qu’un lézard nickelé maintenait fixé à la porte métallique.
— Adieu, mon amour, puisses-tu conserver éternellement un doux souvenir de notre vie commune !
Parfois, elle trouve que j’en fais un peu trop… alors, j’en rajoute !
— Ferme la porte en sortant !
Dans le magasin, méthodique, j’épluche la liste et, pressé, ne me distrais pas de ce qui est noté. Quand :
Shampoing Mamoune et masque capillaire.
Attendez ! Lait, carottes, liquide vaisselle, poudre d’amandes, etc., je vois bien, mais… shampoing Mamoune ? C’est une marque, ça ?
Concentration, concentration. Visualiser la salle de bain. La douche, les étagères, les flacons colorés. Ça marche. Merveilleuse mémoire visuelle ! Je vois du jaune et du blanc. Les rayons, maintenant. Là, à hauteur de nombril. Bingo ! Pour un peu, j’en prendrais deux de chaque, mais je suis raisonnable. La liste ne porte pas la marque du pluriel.
En fait, j’ai condensé l’action, vous vous doutez un peu que l’opération aura pris plus de temps qu’il ne vous en fallu pour la lire.
Néanmoins, pas peu fier le chevalier servant.
— Lumière de ma vie, me voici de retour, les traits de mon visage te sont-ils encore familiers ?
— Ah, déjà ! Tu as fait vite. A propos, j’avais oublié de rayer shampoing sur la liste, j’espère que tu t’es souvenu que, mercredi, en revenant de chez la libraire, je me suis arrêtée pour en acheter ? Je te l’avais dit en remontant dans la voiture.
Fichue mémoire !