Comme un nœud à son mouchoir
J’aime bien Noémie. J’ai toujours bien aimé Noémie. Je la connais depuis qu’elle a dix ans. C’était une enfant, mais déjà un peu plus qu’une enfant ; le décès accidentel de son papa l’avait mûrie un peu avant ses camarades.
Elle écrivait bien, Noémie — pas sa calligraphie — ; elle avait des idées et du style.
Je la revois souvent : elle est hôtesse de caisse à la grande surface, là-haut, rue des Andromèdes du Japon. Elle a conservé son joli sourire. On échange plus que les cordialités d’usage quand je passe à sa caisse :
— Elles sont arrivées... les épreuves du bac. Je stresse à mort. Il va bien falloir que l’aie enfin, ce bac.
— Tu as déjà commencé ?
— Demain…
Je lui ai promis, à Noémie, que je penserais à elle demain. Elle ne m’a pas répondu que ça lui ferait une belle jambe, elle m’a souri, Noémie. Demain, c’est mardi, sûr qu’en venant relever ma boite à commentaires, demain, je penserai à elle. Si mon journal ne sert qu’à ça, au moins il sert.
— Les résultats ?
— En juillet… comme tout le monde.