Coquilles, carapaces, arêtes et bigorneaux
Certains jours, les pépites vous sautent directement dans la poche comme truites en musettes.
D’or, les pépites !
— Eh ! Lolotte, tu l’as pas fait cuire assez ton crabe !
Déjà, se prénommer Charlotte, pour une marchande de poissons, c’est peu fréquent. Analysez vos relations ! Honnêtement, dans votre entourage, combien connaissez-vous de poissonnières qui répondent au sobriquet de “Lolotte” ? Ah ! Vous voyez !
— Eh ! Lolotte, tu l’as pas fait cuirasser ton crabe !
Cuirasser son crabe ! Comme s’il pouvait avoir envie de se carapater pour se colleter avec les frais homards du jour. Les frais, car les chauds homards, c’est connu, pointent au chôômage et que les crabes non !
— Eh ! Lolotte, tu l’as pas fait cuirassé ton crabe !
Ni hussard, ni dragon, ni cuirassé. Le hussard dîne à l’huile c’est connu, le dragon Satan l’habite et le crabe à la mayonnaise.
— Eh ! Lolotte ! tu l’as pas fait cuire ! Ah ! c’est ton crabe ?
Crabe cru, crabe cuit, crabe cru, crabe cuit !
— Eh ! Lolotte ! tue l’appât ! Fée-cuir à sept thons ! Crabe !
J’en étais là, quand la jeune fille blonde — ai-je dit que la poissonnière était blonde ? — m’apostropha :
— Et pour Monsieur, qu’est-ce que ce sera ?
Monsieur voulait des noix de Saint-Jacques, mais, leurré par les appas de la belle — ai-je dit qu’elle était belle, la poissonnière ?— Monsieur est reparti avec une queue de Lotte, un tourteau à faire cuire (assez) et du thon dont il savait qu’il n’avait que faire.
Et moi je dis, que si les supermarchés continuent à œuvrer ainsi dans la publicité subliminale, ce n’est pas demain que les océans vont se repeupler !