Émoi au jardinet
Les guêpes, déjà, avaient troublé le repas, quand un puissant bruissement d’ailes fit tourner les têtes. Diable, un frelon ! Énorme et tout noir. Vrombissement pareil à un hélicoptère en vol stationnaire, le débonnaire insecte visite les bouquets du chèvrefeuille. Effrayant. Qu’on rentre les enfants !
Sans se presser, la bête animale explore chaque calice, ou plutôt semble hésiter, flaire, repère, fait le difficile. Ses congénères abeilles, bourdons et papillons agitent la lavande ; lui, tâtonne, tergiverse, s’interroge et puis, rappelé par sa hiérarchie ou mu par un instinct propre, il prend le large, quitte l’aire de jeu des enfançons, disparaît.
Un frelon noir — on a connu le Schtroumpf de la même vêture, gnap, gnap — pour un peu on lui aurait trouvé des dents ! Certainement une avant-garde de la troupe tapie en embuscade derrière le muret.
— Nenni ! Une abeille.
— Une abeille ?
— Pacifique alors ?
— Mais pourquoi noire ?
— Et pourquoi pas !
Charpentière. Une abeille charpentière. Plus parente des bourdons et autres butineuses que du frelon asiatique. Rien à craindre. L’été touche à sa fin, le xylocope profite de la rentrée des classes pour visiter le pays : c’est un solitaire qui craint la foule estivale et, pourvu qu’on déploie ses ailes de bonne heure, septembre reste un excellent mois pour prendre ses congés payés. Xylocopes compris.