Thé MCCXLIII
La Josette de café : je composte.
Facile, je l’ôte de la machine à café (cafetière) la déchire et la lance (adroitement ?) dans le saladier qui effectue la navette entre la cuisine et le bac à composter, solidement posé entre l’hydrangea et le chèvrefeuille.
Si, à droite des hostas et des fougères !
Avant le lilas et les astilbes !
Voilà, ce cube noir, c’est ça, le bac à composter.
600 litres.
Le thé en vrac : je composte.
Facile.
Je vide le contenu de la théière dans le saladier que je vous ai peint tout à l’heure.
Le thé en sachet : l’affaire se corse.
Oui, je bois du thé en sachet. Tout sachet a l’heur de me plaire. Rond, plat, rectangulaire, en berlingot, tout sachet du commerce...
Se corse, car Épouse-Contributrice-Au-Recyclage-Des-Déchets-Alimentaires, de sa main auguste, balance au saladier le moindre sachet sachant infuser.
Or,
or,
or... si certains sachets de papier, proprement déchirés savent, en plus d’infuser, se décomposer au sein du cube à composter, d’autres, élégants et racés, à la maille fine et galbée, empruntent à la matière plastique, au nylon ou la chimie en général le secret de leur fabrication et résistent à l’action des bactéries qu’héberge l’insolite boite sombre cachée au pied du chèvrefeuille.
Alors, la querelle s’installe.
— Comment ? Je trouve au panier ce sachet à la maille imputrescible.
— C’est vrai, tu me l’as dit déjà, mais comme tu repasses derrière moi, qui t’empêche de lui faire subir le sort que tu destines à la Josette de café.
L’argument stoppe l’hémorragie verbale et d’un coup de canif aussi vif que précis (le sparadrap est dans l’armoire à pharmacie) j’éventre le berlingot, disperse son contenu et l’abandonne, pitoyable lambeau informe, au sort, peu enviable, des déchets ménagers, que les joyeux éboueurs, au mercredi sonnant, conduisent sans remords à l’incinérateur cantonal.
Je vous dois une explication quant à l’utilisation du prénom Josette en lieu et place du substantif “dosette”. C’est que, voyez-vous, hier matin, écrivant à une amie plus que chère, j’éprouvai quelques scrupules à employer un mot que le correcteur d’orthographe, systématiquement, me souligne de rouge. L’amie en question s’est étonnée de tant de pudeur argüant que le correcteur ne me punirait pas de passer outre à ses recommandations. J’ai dû convenir que c’était exact. Pourtant, je récidive... et ce sera le mot de la fin.
Quoique, si j'étais rigoureux (ce que je ne suis pas, vous me connaissez assez désormais) je devrais tenir compte du fait que ni "hostas" ni "hydrangea" pas plus que "astilbes" n'ont l'honneur d'appartenir au dictionnaire intégré de l'hébergeur (gratuit) des présentes Papistacheries. Plaise au ciel que chèvrefeuille et fougère y figurent. Le contraire n'eût pas laissé de paraitre inquiétant.