Le facteur n'est pas passé, il pass'ra dans la journée : une heure, deux heures, trois heures...

J’en ai des boites à lettres, j’en ai.
J’en ai et je les ouvre toutes.

Autrefois, lorsque je comptais mes rides sur les doigts d’une main, je n’en avais qu’une.
Depuis que j’en ai plusieurs — combien ? au bas mot, sans réfléchir, j’en trouve huit — je ne parviens plus à compter mes rides.

Huit ?
C’est que certaines sont si secrètes qu’une seule personne y dépose ses plis, d’autres ne s’ouvrent qu’à deux voire trois correspondants.
J’en ai, j’en ai des boites à lettres.

De bois, de tôle, de plumes — l’une est précisément sise sous mon oreiller —, de verre —et ce n’est pas celle que la mer dépose à marée haute au seuil de ma porte —, de poussières — c’est celle qui ne s’ouvre que par grand vent, celle qui me donne les nouvelles que nul n’a écrites, celle qui oxygène ma pauvre cervelle, celle qui m’aide à démêler les fils que l’adversité emmêle —, de gaze — celle-là qui  soigne et lave les humeurs noires, je la maintiens propre autant que je puis faire —, de brick — celle que j’ouvre avec mille précautions de peur de la casser sous mes doigts maladroits, la boite aumonière —, de chair — celle qui palpite —, de rien — celle qui ne s’ouvre ni ne se ferme —, d’épines — celle qui se hérisse quand on la touche —, de beurre — celle qui fond quand on l’approche trop de son cœur —, de fer forgé — celle dont on a égaré la clé, dont on branle lentement les lourds barreaux en priant pour l’un d’eux se descelle (ne tremble-t-il pas d’ailleurs un peu ?) —, de porcelaine — la boite à usage unique qu’on brise pour en sortir le message et qu’on remplace par une plus belle à chaque levée du courrier —, de boue — celle qu’on ignore, dont on a oublié l’emplacement  et que, peut-être aucun facteur n’a jamais trouvé rien à y glisser —, de pierre — l’ultime, celle où l’on rassemblera les autres quand les rides auront achevé de parcheminer l’écrivaillon...

C’est plus que huit !
Des boites à lettres, j’en ai et je les ouvre presque toutes.

J'écris.
Parfois, j'écris.
J'en envoie des lettres.
De quoi sont-elles les boites vers lesquelles vole ma plume ?
La vôtre ?

Comments

[Walrus]

Les facteurs refusent que La Poste engage des "facteurs de quartier" qui ne distribueraient que le courrier des particuliers, trois heures par jour et pour un peu plus de huit euros de l'heure.

[Virgibri]

Oui, oui, j'aime beaucoup le bricolage, tout ça. Je manque de place, de temps, etc, mais j'aime perdre mon esprit dans les activités manuelles.

[papistache]

Teb, je n'ouvre pas celle de boue... la vôtre vous ressemble, le facteur ne doit pas s'y tromper.

Valérie, je ne sais pas non plus comment je m'y suis pris... me suis-je laissé emporter ? Certainement.

Vous avez des facteurs français, en Belgique, Walrus ? Quelles sont leurs revendications ?


Virgibri, ce n'est pas la première fois que vous laisser entrevoir vos penchants pour le bricolage. Une vocation d'artisan contrariée ?

Le courrier rampant ? Je comprends que les facteurs soient en grève, on tire à balles réelles en Belgique, Miss-Ter ?

MA¨, votre boite à lettres est un repaire d'araignées.

Bien sûr, c'est la secrète vers laquelle tendent nos yeux inquisiteurs, Tilu.

Alors Brigou, vous nous ressemblez, à tous, en tout points.

Patience, Aude, au moment où vous vous y attendrez le moins,la surprise sera là.

[Aude]

J'an ai une qui sert à rien sous le préau, la vielle boite à lettres de la propriétaire. Parfois, je l'ouvre, si jamais quelqu'un se trompait et m'y déposait quelque chose...

[brigou]

Je tiens beaucoup d'intérêt à ma boite aux lettres ; faite de bois avec son petit toit d'ardoises elle accueille le courrier. Quelquefois elle m'offre des surprises et j'aime ça !
Quant à mes autres boites virtuelles elles ont aussi toute mon attention et je suis toujours impatiente de lire mes emails :)