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Papistacheries
13 janvier 2009

Suffisait de demander... par Valérie

L‘effondrement (Fanny Guillon)

Le texte de la quatrième de couverture met en avant la profession du personnage du livre (qui est celui de l’auteure, aussi). D’emblée, on sait de quoi va parler le bouquin : du quotidien ( j’ai lu ça un jour, à propos d’une autre profession, mais je trouve que c’est très approprié au métier d’assistante sociale également : «  Son quotidien, c’est l’exceptionnel et l’extraordinaire de monsieur tout le monde ») d’une jeune assistante sociale marseillaise.

Moi, je n’ai pas eu réellement le sentiment que ce livre soit un livre sur le travail d’une assistante sociale. Bien sûr, il en est beaucoup question, mais j’ai eu l’impression, tout au long du livre, que le besoin (ou l’envie) de Julie de parler de sa profession était moins fort que celui de raconter « l’effondrement ».

A première vue, tous ses différents univers d’entrecoupent. Sa vie professionnelle, sa vie privée, ses passions… C’est un beau mélange.

Maintenant, le choix du titre ne peut me laisser indifférente. Pourquoi pas « Trente ans » ? Pourquoi pas un autre titre, qui évoquerait son métier ? Choisit-on un titre au hasard ? Je ne le crois pas.

Le titre du livre m’en dit long sur les intentions qui sont siennes. Moi, j’ai envie de dire que non, ce n’est pas tant un livre destiné à livrer des confidences sur l’univers professionnel dans lequel le personnage (l’auteure ?) évolue, mais plus le récit d’une suite d’événements plus intimes. Et plus profonds.

Le choix de la première et de la dernière nouvelle du livre me conforte dans mon idée. Les faits narrés dans ces deux nouvelles sont très intimes et personnels et ne font pas mention de la profession du personnage.

Le début et la fin du livre… des places stratégiques. Les première et dernière impressions du lecteur !

Et puis…cette première nouvelle, qui nous narre des faits bien antérieurs au reste de l’histoire, qui elle, se déroule sur un temps donné, délimité. Quel est l’intérêt de cette première nouvelle, quand tous les autres événements se suivent de près chronologiquement ?

J’ai tenté d’apporter une réponse (bien personnelle) à cette question qui me taraudait.

Moi, je lis ce livre comme le récit d’un grand bouleversement dans la vie sentimentale du personnage. 

Extraits choisis (pas au hasard) :

Première nouvelle : «  Quand il rentre en toi, t’es tellement crispée qu’au début tu sens rien. Puis la douleur, fulgurante, tu serres les dents ».

Dernière nouvelle : «  C’est délicieusement érotique (..). Sa main caresse l’intérieur de tes cuisses, ses doigts entrent dans ton intimité toujours humide ».

Le reste (toutes les nouvelles intermédiaires) raconte tout un tas de choses, plein de morceaux de vie, mais surtout, selon moi, la transition, l’évolution, le cheminement entre ces deux extrémités, écrites respectivement au début, et à la fin du livre.

Le personnage part avec des fondations bancales (une première expérience ratée). Elle construit tout de même un bâtiment dessus (son couple). Le bâtiment est instable. Son « effondrement » est inéluctable. Enfin, vient la reconstruction (« Renaissance »).

Cet aspect là m’a sauté aux yeux, bien avant le reste !

Maintenant, évidemment, s’entrecroisent tout ce qui fait partie de la vie de ce personnage : son métier d’assistante sociale, l’improvisation, le slam, l’internet, son bébé…

C’est un morceau d’existence, quasi exhaustif, sur une période donnée, et délimitée par des faits majeurs.

Bon, maintenant, ce que j’en ai pensé (avec des critères très subjectifs évidemment) :

Sur la forme :

Je trouve un peu dommage que le livre soit découpé en nouvelles, surtout que l’ordre chronologique est respecté. Si certaines nouvelles peuvent être lues et comprises indépendamment des autres, ce n’est pas toujours le cas. Pour moi, il s’agit d’un roman, divisé en chapitres.

J’aime bien l’emploi de la deuxième personne du singulier. Ce choix, que je trouve judicieux, m’a donné l’impression d’un recul pris par la narratrice par rapport à ces événements passés. Je trouve que ça donne une impression d’objectivité, quand le « je » aurait sous-entendu un parti pris.

J’ai trouvé, pendant ma lecture, que les différents univers dans lesquels le personnage évoluait étaient trop… mélangés. C’est bariolé !

Mais, après lecture complète, je me dis que finalement, ça ne fait que mieux ressortir la grande variété de choses qui lui tiennent à cœur, à cette Julie. Et peut-être également son état d’esprit un peu « embrouillé » du moment.

Sur le fond :

J’ai trouvé ce personnage terriblement attachant. Vraiment. L’artiste est passionnante. L’assistante sociale est fascinante. Elle aime son métier, et en parle avec passion. Elle aime les gens qu’elle rencontre sur son lieu de travail. Elle les traite avec respect et sans les juger. J’ai éprouvé, à travers ce « tu », la même empathie qu’elle pour tous ces personnages de passage dans sa vie. On souffre et se révolte avec elle de toute cette misère, finalement.

Elle est attachante. L’identification s’est faite en douceur, mais si nettement que j’ai eu du mal à éprouver une réelle peine pour son époux… A ce stade du récit je voulais juste qu’elle avance. Pour elle.

Petit à petit, au fil des pages, se dresse un tableau de plus en plus précis de ce personnage. La lecture des différents événements lève peu à peu le voile sur une personnalité. Bien trempée.

Ce livre est un puzzle. Chaque pièce, aussi insignifiante soit-elle, nous aide, à la façon d’un indice lors d’une enquête, à dresser le portrait de Julie.

Et, en fin de compte, l’essentiel se cache peut-être dans ce qui n’est pas dit, ou dit à demi-mots, ou dans ce que la narratrice voudrait faire passer pour de l’anodin.

On la touche du bout des doigts, Julie, et on aimerait la connaître bien plus…

La fin est brutale. Terriblement. Mais la « renaissance » est si belle…

Ne vous en faites pas, je ne ferai pas toujours aussi long… Là c’est une exception. J’avais envie de tout dire sur ce livre… parce que je pense que Papistache aimera les lire, mes impressions…

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Commentaires
P
Ce n'est pas un problème technique, Marie, Valérie a fermé son blog.
P
En effet Joye, Mamoune a des oreilles bien plus savoureuses que celles du porc !<br /> <br /> Adi, c'est aussi leur choix, de s'effacer. Alors je respecte même si je regrette.
A
Faites un appel, haut et fort crier leurs noms qu'elles/ils vous entendent et reviennent!
M
merci val :) merci beuacoup !<br /> mais où est passé le blog valécrit ? je ne peux plus y accéder ! c'est aussi ce que je voulais te demander
J
Voilà, Papistache, tu distingues entre l'oreille du porc et mamoune, c'est très important ! Et pas du tout cochonne.<br /> <br /> ;-)
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