Pas plus d'un quart d'heure de sieste après le déjeuner, pas plus
Ce soir, le sommeil me prend.
En quel état va-t-il me rendre ?
Et s’il oubliait de me rendre ? S’il me gardait ? Pour lui.
C’est que déjà, par le passé, le sommeil m’a pris.
Mais que m’apprit-il ?
Rien que je ne savais auparavant.
Je ne me suis jamais réveillé plus intelligent que la veille.
Plus frais, peut-être ?
Mais plus intelligent, non.
Résumons : Il me prend et me rend — un peu — de fraîcheur.
Mais ? S’il me la rend, quand la lui avais-je prêtée ?
Enfant ! Enfant, j’ai dû lui confier fraîcheur et naïveté.
Le prêt devait être d’importance. Serait-ce que le sommeil ait peur de ne pouvoir disposer du temps nécessaire pour me verser les intérêts du prêt avant l‘échéance qu‘il me ferme les paupières parfois même en milieu de l’après-midi ?
Je me faisais ces réflexions au sortir d’un assoupissement fortuit.
J’avais cru à la chaleur trop lourde d’un été orageux et c’était le grand maître du temps qui commençait à solder la monnaie de ma pièce !
Pourvu que j’aie beaucoup épargné en ma jeunesse. Il me semble que Maman se penchait au-dessus du berceau pour guetter le souffle de ma respiration, tant les sommeils de mes premières années lui paraissaient cousins de mon futur dernier.
Le sommeil me prend, pourvu que j’aie beaucoup épargné.