Au risque de me fâcher avec les adorateurs de Bastet
Depuis que Merle et Merlette ont tissé leur nid dans la charmille, je n’ai pas vu un seul chat rôder au jardinet.
Comme plus aucun chat ne s’aventure au jardinet, Merle et Merlette ont pris le risque d’installer leur maternité dans les branches hautes de la charmille.
Un campagnol, chargé de famille à n’en pas douter, a creusé, entre les racines du pêcher, le couloir qui mène à sa chambre. Depuis, nul chat ne vient honorer le jardinet de ses molles déjections.
Un virus sournois ayant dépeuplé le quartier des matous errants, les campagnols envahissent les pelouses avoisinantes.
Turques, mais tolérées, et toujours nichant sous les solives de l’avant-toit, les tourterelles se dégourdissent les pattes dans l’allée qui mène au portail souillé. Si d’aventure un greffier faisait mine de s’introduire dans leur squat, elles lui feraient regretter d’avoir quitté tôt sa gamelle débordante de croquettes anachroniques.
Opportunistes, les sveltes immigrantes, du haut de leur observatoire, eurent tôt fait de toiser l’adversaire : il n’y en avait pas ! Félix boude le N° 3 de la rue Léon.
Votre serviteur, ravi de n’avoir plus à torcher ses semis dévastés, s’accommode des maigres déprédations des rongeurs, des granivores et autres insectivores qui animent, sans son ni lumière, la scène qu’il s’efforce de fleurir pour la joie des passants, de son épouse, de sa descendance et la sienne propre.
[J’ai jamais tué d’chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j’ai oublié
Ou ils sentaient pas bon...]
— Jacques Brel —