D'abord, sauver les apparences
Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, en ce début de semaine, mais moi, je suis lessivé ; et quand je pense à ce qui m’attend ces prochains jours, je me sens moulu à l’avance.
Je pourrais boire le jus de cinq à six oranges pour me gorger de leurs vitamines mais à l’idée de devoir les presser, mes avant-bras flageolent.
Il me resterait bien l'artifice de me faire porter pâle mais, outre que cela me désobligerait, l’envisager, déjà, me chiffonne.
Alors lessivé, moulu, flageolant — vous attendiez flageolet ! avouez ! ou flagellé ! mais avec Mamoune, nous n‘en sommes pas (encore) là — désobligé et chiffonné, que voulez-vous que je fasse ?
Je soulève ma carcasse branlante — de plus en plus, d’ailleurs, on entend les os s’entrechoquer quand je danse la gigue, m’est avis que les articulations ont fondu — et je me traîne au bas de l’escalier, heureux qu’il n’ait pas plu pendant la nuit car je n’aurais pas trouvé la force de godiller — j’allais écrire gondoler, c’est vous dire ma décrépitude intellectuelle — jusqu’à la départementale.
Rendu enfin dans la cuisine, mu par la force de l’habitude, je prépare le repas matutinal et pendant que les feuilles de thé infusent, je me compose un masque qui pourra tromper Épouse-A-Fond-Dans-Sa-Semaine, à condition d’y mettre un peu de conviction.
— "Alors Petit-Homme ! En forme ?
— En forme de quoi ?
— Ah ! Ah ! Ah ! Tu me surprendras toujours !"
Sauvé !
Une fois encore !