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Papistacheries
8 octobre 2012

Une roue qui tourne

Elle lui parle : sa voix se trouble.

nif nifLui, qui l’écoutait sans la regarder, perçoit le nœud dans la gorge, lève la tête, quitte la rédaction de son mémoire, voit les larmes ruisseler sur la joue.

Elle, regarde la fenêtre, ou au-delà de la fenêtre. On ne sait pas. On ne saura pas. Il voit couler les larmes, ne dit rien. Enfin, surtout pas qu’il a vu couler les larmes. Elle ne saura pas qu’il les a vues. Peut-être craindra-t-elle qu’il les ait vues : « Il n’a rien dit. »

Il fait comme s’il n’avait perçu que le trouble dans la voix et bredouille quelques mots qu’il voudrait réconfortants : « Ça ira, Sylvie  te donnera un coup de main... tu pourras me téléphoner... Bernard aussi t’épaulera... tu y arriveras... »

Elle se reprend, fait mine d’avoir été rassurée. Ils n’en sont pas au stade des confidences intimes. Collègues de bureau, sans hiérarchie... collègues.
 
Elle s’est reprise et retourne à ses dossiers, les paupières ourlées de rouge. Lui, son crayon reste suspendu au-dessus du mémoire devenu pensum. Il revoit les larmes couler ; son épouse pleurait ainsi, parfois. Souvent.

En septembre, il a quitté le bureau pour toujours. Elle a hérité de ses pensums, en plus des siens. Non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

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Commentaires
P
Walrus, vous voulez dire : Un Flamand, un Wallon, sur une même chaise ? Les Dupont/ Dupond de l'administration !
W
Vive la France !<br /> <br /> Chez nous, grâce à la fédéralisation, on les multiplie les fonctionnaires... (mais non pas en les accouplant) (encore que...)
S
Je crois que le plus terrible encore dans tous les non renouvellements des fonctionnaires, c'est pour les institutions médicales.
T
J'ai vécu ça... les larmes des collègues (tristesse pour moi aussi qui vais partir, mais joie de constater que mon départ attriste...) Au début, on attend presque les coups de fil (preuve qu'on sert encore? Que nous n'étions pas inutiles?) et puis le temps passant, la vie offre de nombreuses nouvelles occupations et quand le numéro du boulot s'inscrit sur le cadran du téléphone... pfff! Ca devient dérangeant... Je me dis "qu'ils se débrouillent, j'ai autre chose à faire"...!)<br /> <br /> Je n'ai pas été remplacée non plus...
T
C'est vrai que , à part par ses collègues (quand on en a des bons) on se sent très peu épaulé dans ce métier....je dirai même plus, on se sent un peu enfoncé surtout par sa hiérarchie qui, plus ça va, à part de la demande de paperasse et du flicage, ne fait plus grand chose pour nous.... bon et puis maintenant , on parle de nous raccourcir les vacances, ou de nous manger le mercredi, ou les deux.... super.... je comprends les larmes de certains ... vivement la retraite!!!! :-)
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