Un brouillon, ça vous dit ?
— Quelle vie je mène ! souffle-t-elle en s’appuyant une poignée de secondes contre le bord de la table ronde. Le temps de s’emparer de ma tasse de café, la porter à sa bouche, renverser la tête en fermant les yeux, y tremper les lèvres, me la tendre et, d’un mouvement des épaules, reprendre sa course sans se soucier de savoir si ma main serait bien au rendez-vous de la porcelaine tiède où, infime témoignage de son baiser pressé, un croissant de salive achève de s’évaporer déposant un voile imperceptible du rose qui nacre ses lèvres.
La vie qu’elle mène !
Heureux encore que ce soit elle qui la mène ; prière pour que jamais le contraire ne se produise.
Car amène est la vie qu’on mène quand amère est celle qui malmène, elle qui nous mène.
La mienne de vie ? Qui donc en tient les rênes ?
Quel attelage ? Conduit à fond de train ou mené au pas d’un cheval lourd et lent ?
Ah ! Dure condition de l'écrivaillon trop attaché aux nourritures terrestres : au soir, le réverbère s'éteint, il se couche et, au matin, à peine reprend-il son ébauche que, dilemme, que faire de sa promesse d'aller faire les courses avant midi ?
Publier son brouillon !
Décoche la case ami et n'oublie pas la liste.
Ouh, qu'elle est longue !