Idées reçues
Hier matin, bravant les congères et autres monticules laissés par la lame des chasse-neige, Épouse-Au-Pas-Lent s’est rendue à l’agence postale, en cause l’envoi d’un énième recommandé avec accusé réception en vue d’intimider la gestionnaire d’une agence de location d’appartements qui se fait tirer l’oreille pour rendre la caution versée par Grisette pour un logement quitté en août 2009.
Là-bas, elle apprend que les chutes de neige continuant à perturber le travail des agents de La Poste, les colis ne seront pas acheminés aujourd’hui, que seuls les plis urgents devraient pouvoir l’être.
— Et la distribution du courrier ? a-t-elle demandé.
— Pas encore aujourd’hui, trop de risques pour nos agents, s’est-elle entendu répondre.
Pourtant vous verriez comment j’ai balayé mon trottoir, dégagé l’accès à la boite aux lettres. Je vous assure que, dans tout La Crevisse, on ne trouve pas un trottoir aussi bien déblayé que le mien. Je ne dis pas que le civisme y soit nul, on peut fouler de jolis trottoirs bien propres et salés, mais recouverts de moquette rouge, non ! Un seul ! Celui du côté exposé au rayonnement solaire de la rue Léon.
Travail inutile, Béatrice est restée à l’écurie, son destrier cloué au râtelier pour cause de chaussée glissante. Remarquez, vous verriez la pagaille dans nos rues et sur nos placettes ! Comme le rappelait déjà Gustave Flaubert dans son dictionnaire — posthume — des idées reçues : "Vieillard : A propos d'une inondation, d'un orage, etc., les vieillards du pays ne se rappellent jamais en avoir vu un de semblable".
Je me sens bien vieux cet hiver...