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Papistacheries
25 septembre 2008

Le baromètre est au beau fixe

J’aurais bien voulu attendre trois jours avant de revenir mais vous m’auriez accusé d’avoir pris la grosse tête. Et une tête qui enfle, surtout ceinte d’une couronne d’épines : ouille, ouille, ouille !

Seulement voilà, maintenant, je suis censé être mort. Contraint donc à commencer mes Mémoires d’outre-tombe.
Mais !
Mais, vu qu’on m’aurait incinéré, je vais vous entretenir du vent.

Il souffle du nord-est.
Oh ! Facile.
Tous les matins, depuis trois semaines, Épouse-Au-Volant et moi passons devant une entreprise locale en conflit avec ses repreneurs de patrons.
Drame, hélas, qui se répète à l’envi.
Et tous les matins, vaille que vaille, le vent souffle du nord-est.
C’est que les grévistes — ou les licenciés, allez savoir qui fait quoi dans une usine en pleine déprime — pour montrer leur désarroi brûlent des pneus.
Dérisoire action syndicale :
Camarades, on nous licencie ! Bigre, cela ne va pas se passer ainsi. Tiens, si on brûlait des pneus !

Et une remorque entière de pneumatiques usagés attend qu’une main de futur chômeur alimente le foyer qui crache sa colère noire au-dessus de la ville. Bon, les chômeurs sont les premières victimes, le vent refoule les fumées vers l’atelier dont les portes ouvertes aspirent le poison.
Pas de chance, le vent souffle 80 jours sur 100 de l’ouest. Vous imaginez le topo. Le vent est à la solde du patronat ! Il ne respecte même pas ses statistiques en temps de grève !

Le panache noir grossit.

La colère des  ouvriers se lit dans la colonne que ploie le vent. Le vent est un jaune, mais le foyer ne s‘éteint pas. Chaque matin, nous espérons un panache rose ou vermillon.

Connaissez-vous un exploitant de décharge qui possèderait des pneus parfumés à la rose ? Pour les fins de grève, où ce seraient les ouvriers qui emporteraient le morceau ? En attendant, je soupçonne  les responsables des déchèteries de surveiller les journaux locaux à l’affût des délocalisations ou restructurations pour suggérer aux personnels en état de choc :
Si vous voulez, vous pouvez brûler des pneus !
Je me demande même s’ils ne les leur vendraient pas. Quoi ? Vous croyez qu’aucun n’y aurait pensé ? Bon filon pour se débarrasser des si polluants pneumatiques ! Aucun gendarme ne voudrait venir verbaliser des pauvres gars qui luttent de manière si dérisoire pour leur (comment ils disent les cravatés ? — pouvoir d’achat — ) survie. Une bonne grève, bien dure, — tiens, si on gelait les négociations en attendant que le stock se soit envolé en fumée — c’est souverain pour écouler les montagnes de caoutchouc dont personne ne veut !


En attendant, les murs de l’usine se couvrent de suie et les grévistes jouent aux boules sous un nuage noir. Et le vent souffle toujours depuis le nord-est.

J’aimais mieux quand je n'étais pas mort, les nouvelles étaient moins sombres, mais que voulez-vous, maintenant que je suis libéré de la pesanteur, je perçois le monde un peu différemment. Mes cendres ont pris de la hauteur.

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Commentaires
A
Puisque vous êtes "mort", vous pouvez peut etre aller vous entretenir avec Lui pour qu'il change le sens du vent, voire qu'il stoppe le vent le jour où les pneus brulent...
P
J’ai vu, Val, votre commentaire en deux temps.<br /> <br /> Mort mais pas aveugle donc, Teb !<br /> <br /> Aude, vous êtes trop bon public !<br /> <br /> J’ai lu Saperli, que vous aviez le vent de la révolte assez chevillé au corps !<br /> <br /> Caro-carito, je ne lis pas dans la boule de cristal.<br /> <br /> Tilu, vous m’effrayez, toute cette colère en vous !<br /> <br /> Pas avec les pneus Janeczka, je ne suis pas une bicyclette, j’étais plutôt un piéton de mon vivant.<br /> <br /> Je pense comme vous Sandrine, parmi ces gars se trouvent peut-être des sympathisants écolos mais devant l’adversité, le vernis culturel fond (et à la chaleur des pneus la fonte s’accélère)<br /> <br /> Walrus arrêtez vos compliments ou je brûle un pneu !<br /> <br /> Val, je partage vos sentiments, je sais que ces gars vont se battre (ils le font depuis juin) pour leur boulot et une fois la lutte perdue (elle le sera) ils n’auront plus la force de lutter pour rechercher du travail. Leur énergie ils l’ont mal placée.<br /> Voici une dizaine d’années, une situation semblable s’est tramée par ici et les syndicalistes de la boîte plutôt que de brûler des pneus pour une cause perdue ont su très vite concentrer leurs efforts sur le reclassement de leurs copains, ils ont plutôt bien réussi la chose, avant de s’aigrir. La société avait bien coopéré également, il faut dire.<br /> <br /> MAP, les baguettes ? Vous croyez qu’on les fabrique en Chine ?<br /> <br /> Brigou, je suis ennuyé pour vous répondre je n’ai pas encore visité le lien, je n’ai pas eu la permission de mon ordinateur. Je vais brûler un cierge !<br /> <br /> Mes cendres Miss-Ter ? Pour polir les boules ?<br /> <br /> Good Year ! Chère Micheline.<br /> Ici, la Micheline est une antique locomotive à gasoil, donc aux roues sans pneumatiques pour les rails du chemin de fer.<br /> <br /> C’est un groupe international, Tilleul, et oui la fermeture semble irrévocable en dépit de toutes les actions que tentent les employés, les élus, la population, comme partout !<br /> <br /> Ils se montrent les gars, Tilu, Concerts de soutien, manifestations, interventions des élus locaux, pétitions, piquets de grève, leur espoir du moment : obtenir une rallonge à la prime de licenciement.<br /> <br /> Janezcka, peut-être leur manque-t-il une égérie ?<br /> Vous êtes libre en octobre ?
J
Tilu>> je suis un peu (beaucoup?) rebelle moi aussi et je pense la meme chose... se faire entendre tant que l'on peut (pneu? :P)...
T
Tilleul on ne bouge jamais pour rien.... c'est quand même primordial de se manifester.... si tout le monde dit que ça ne sert à rien de bouger parce que tout est décidé d'avance , alors autant accepter tout et n'importe quoi tout de suite. Ne rien faire , ne rien dire, c'est ouvrir encore plus grand la porte au vent du nord ouest.... Ne soyons pas fatalistes, ni défaitistes.... faut réagir et montrer qu'on est encore vivant, même si ça parait dérisoire.... c'est important.....
T
Pauvres gens... Ils se réchauffent le coeur et détruisent leurs poumons... et peut-être pour rien! (La fermeture est sans doute déjà décidée...)
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