Marieur de cucurbitacées
Mamoune a voulu un pied de citrouille au jardinet. C’est une première, j’avais toujours rechigné a accueillir l’envahissante. Le jardinet, me semblait-il, ne pouvait tolérer une rampante aussi exubérante.
Mamoune a acheté le pied au printemps. Depuis, il lance ses longues tiges de droite et de gauche et il fleurit. Abondamment. Abondamment mais ... Roméo manque sa Juliette depuis deux mois au moins.
Comme chez la courgette, fleurs mâles et fleurs femelles se développent sur la même tige et normalement les insectes aident à la pollinisation.
Primo, cette année, les insectes ne sont pas légion.
Secundo, les fleurs mâles ne s’épanouissent jamais en même temps que les fleurs femelles et, par voie de conséquence, réciproquement.
Ainsi les petites citrouilles, non fécondées, avortent-elles systématiquement. Depuis quelques matins, je viole l’intimité de fleurs femelles immatures — c’est vilain, je sais, mais ... — pour les polliniser manuellement. J’ai déjà vu faire un vétérinaire avec une vache Prim-Holstein. Je m’inspire de ses gestes.
Pourquoi ce décalage ? Je puis vous imaginer vingt scénarios délirants — dont un vaguement poétique et anthropomorphe — mais la vraie raison ? ? ?
Reste que l’espoir de Mamoune de vous faire goûter la soupe de ses potirons s’amenuise de jour en jour. Il lui restera la solution de préparer sa soupe avec vos potirons mais il faudra les apporter et pousser la porte du pied :
— J’vous ai apporté des potirons !
— Un aurait suffi !