A-E-I-O-U-S
Ghazàla, ma filleule, joue avec son parrain. Nous jouons donc ensemble.
Courses — allez rattraper une gazelle, vous ! je claudique loin derrière pour ne pas la perdre de vue, ni la perdre tout court (j’ai le sentiment que la maman n’apprécierait guère : on tient à sa progéniture à cet âge-là !) —, dessins, découpages, devinettes, etc.
— Quel est ce mot ? me propose-t-elle.
J-L-E-E-Q-U-O-I-N-L
— Je donne ma langue au chat.
— JONQUILLE, c’était facile !
A mon tour je propose A-E-I-O-U-S.
Ghazàla se montre perplexe.
Pour l’aider, je distille des indices : c’est un animal… le S est en troisième position… Ghazàla est déroutée. Un dessin peut-être ? Oui ! Je m’applique. Elle y voit un canard. Bon, va pour un canard. Mais les lettres que parrain propose ? Tu parles d’un indice, toi !
Finalement l’énigme est résolue.
— Mais, pourquoi as-tu dessiné un canard, comment voulais-tu que je devine OISEAU ?
— Eh ? Le canard est-il un poisson ?
— Non.
— Un mammifère ?
— … (Haussement d’épaules.)
— Le canard n’a-t-il pas des plumes sur le corps ?
— Ben non, justement, il a des papillons.
— Des papillons ! (Ici, l’œil du narrateur s’allume.)
— Enfin, pas vraiment des papillons, mais comme les papillons, des machins carrés quoi !
— Des écailles ?
— Oui ! des écailles. Un canard, ça n’a pas des plumes comme les poules... Des plumes qui tombent, parfois, quand elles battent des ailes... Enfin, j’ai jamais vu de canards non plus dans ma vie.
— Dans ce cas, à la prochaine occasion, on ira lancer du pain dur aux canards sur l’étang. Promis. (Et là, c’est l’œil de la gazelle qui s’allume — ce qui fait qu‘à nous deux, on clignote à chaque battement de paupières.)