De l’intelligence du pissenlit
C’est la saison : le pissenlit dresse sa hampe florale à 25 ou 30 centimètres au dessus du sol.
Que l’on vienne à tondre une prairie où prolifèrent ces dents-de-lion et, fort malignement, les nouvelles capitules iront s’ingénier à fleurir au ras du sol. Merveilleuse adaptation à la dictature des pelouses calibrées au millimètre.
Ma voisine, Madame Yvonne, laisse la nature reconquérir son jardin ; qu’elle cueille une poignée de fleurs jaunes pour donner de l’amertume à son omelette du mardi et dès le lendemain de nouveaux fleurons dorés agitent la tête au-dessus des herbes folles au bout de longues tiges creuses et vert anis.
Qui donc prévient le cramaillot que la lame de la tondeuse, sous les six jours, passera ici et que, là, nul danger n’est à craindre que l’étouffement par les graminées invasives ?
Personnellement, cette salade dépurative et cholagogue, je l’extirpe du sol au moyen d’une longue lame rouillée — rouillée ? dans l’espoir qu’elle contracte le tétanos ? — la pauvrette n’a pas encore trouvé de parade. Serais-je plus malin qu’un pissenlit ? Hé ! Souhaitons que ça dure encore un moment.