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Papistacheries
14 mars 2013

Comme Cadet Rousselle

J’avais trois bonnets. Un noir, un gris et un bleu. Comme je ne suis pas très soigneux, j’en quittais un là, un autre ici, et le dernier juste à côté, ou derrière. Trois, c’était un bon chiffre. Au moment de sortir, c’était pratique ; cherchais-je le bleu que je tombais sur le noir ; voulais-je me couvrir du gris le bleu me sautait aux yeux ; le noir m’aurait volontiers attiré que le gris me faisait du plat pour cacher ma calvitie. Commode. Depuis des mois, la cohabitation ronronnait.

Imparfait, vous avez noté, je conjugue ce paragraphe à l’imparfait.
J’ai perdu le bonnet noir.
Vendredi dernier, Epouse-Tête-Nue et moi nous étions rendus à la grosse ville voisine pour applaudir quatre jeunes et énergiques musiciens de jazz en résidence. Foule devant l’entrée. Chacun se pressait au portillon. Une fois dans le hall, je quittai mon couvre-chef et le glissai dans la poche droite de mon blouson. Je ne le revis plus. Deux heures plus tard, la poche était vide. Classique méprise. J’avais certainement dû m’y prendre mal et viser à côté de ladite poche.

L’équilibre est rompu. Trois était le bon chiffre. Un gris, un bleu, c’est insuffisant. Je perds des minutes entières à trouver l’un ou l’autre. Mais je l’avais posé là, non ? Non ! Où donc alors ? Ni ici, ni devant, ni plus haut.

En acheter un autre ? Ça me rappelle une histoire qui m’amusait bien quand j’avais des cheveux et guère de poils au menton. Un quidam chez son médecin :
— Docteur, je n’en peux plus, je pue des pieds, c’est atroce, j’ai tout expérimenté : bains de  boue, cataplasme aux herbes, fiente de poule en onction, j’ai marché dans la vase, frotté mes arpions au jus d’oignon vert, usé de graisse de porc, porté des espadrilles et même tenté la marinade au purin d’ortie… Rien n’y fait, je pue des pieds.
— Ah, fait le toubib, et vous les lavez combien de fois par jour ?
— Laver ? Je n’ai pas encore essayé.

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Commentaires
P
C'est aussi un piège,MCL, je n'ai qu'une seule paire de lunettes et je ne la pose jamais si loin que d'une main tendue je ne puisse la reprendre.
M
Amusante cette histoire de bonnets. C'est une bonne idée d'en avoir plusieurs quand on est distrait est qu'on est toujours en train de chercher. On trouve plus vite et on a l'impression d'être moins distrait.
M
Si vous perdez les deux autres vous serez aux (a)bonnets absents !!! :-)
C
Oh, le bonnet noir a décidé de rompre l'équilibre et de vivre sa vie loin de votre tête ? Quelle drôle d'idée ! Achetez en un rouge... peut-être que le noir reviendra... :-)
S
Je sais pas encore tricoter les bonnets, vous voulez que je vous envoie une de mes casquettes ?
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