Le train de 15 h 19

Derrière leur maison, coquette — volets verts, murs de briques rouges —, la ligne de chemin de fer Capitale-grand-Ouest.
Combien ?
Cinquante mètres. Oui, cinquante mètres. Pas cent mètres, non. Cent mètres, c’est la distance du bureau de poste au carrefour de Vasy. Cent mètres, le repère est commode. On a la distance dans l’œil. Cinquante !

Le soleil est revenu, un café est servi à l’ombre d’un grand cerisier. 15 h 19. Un train brinqueballe à grand fracas et vive allure.

Eux s’interrompent, suspendent leur conversation ; leurs invités, surpris, veulent nier la gêne et s’essaient à terminer leur phrase.

Peine perdue, le vacarme écrase leurs mots.

Le train éloigné, eux se désoperculent, sortent du mode pause et se réaniment. Leurs invités ne sont plus là. Le bruyant convoi a vidé leur crâne, emporté leur esprit et n’a laissé que des enveloppes de chair assises sur des chaises de plastique blanc au fond d’un jardin vert sous l’ombre d’un cerisier.

Eux ne s’en soucient pas. Ils savent. Le train de 15 h 37, qui va croiser celui de 15 h 19 à 15 h 28, ramènera les âmes arrachées. Le café sera encore tiède. Ils savent. C’est toujours ainsi la première fois. Les nouveaux amis s’habitueront. Tout le monde s’habitue.

Comments

[tilu]

ho, la vache!

[Choubine]

J'ai passé mon enfance dans une petite maison verte, au bord d'une rivière qui dévalait de la montagne en jouant à saute-mouton sur les roches.



Le fracas qu'elle faisait!



Enfin, d'après la visite. Pour nous, c'était un air joyeux qui nous accompagnait, toujours.

[MAP]

Un billet conté avec en-train à ce qu'on voit !!!! :-)

[papistache]

*<;o{)

Pas le corps, Sandrine ? Juste l'âme ? Alors faites-vous offrir une place au concert. Je crois qu'un bon concert délivre des billets à ceux dont l'âme fourmille de s'envoler. Non ?

[Sandrine]

Des fois je voudrais bien me retrouvée l'âme en voyage, un petit temps, pour voir