La grâce
Sur son sein, un bébé endormi. Bébé d’un jour. Position fœtale.
Elle respire et son sein se soulève. Les poumons du bébé se gonflent.
Gros comme mon pouce.
Elle ? Assistante maternelle au grand cœur. Pas loin du sien, tatoué par un artiste délicat, le sommeil d’un bébé. Quelle enseigne professionnelle !
La lisière ouvragée du balconnet du soutien-gorge comme un drap de dentelle pour couvrir le corps du bébé. Berceau douillet. La grâce.
Pas d’ostentation dans ce dessin délicat. Dévoilé, certes, mais caché à chaque mouvement du corsage. Regarderiez-vous la dame dans les yeux que la gravure vous échapperait. Mais l’ayant aperçue comment encore fixer le cristallin dont j’ai oublié la couleur.
Nativité émouvante entrevue une seconde et gravée désormais plus profond encore que la rétine quand le souvenir de tant d’autres tatouages, trop offerts, exposés, néons criards, s‘évanouit et se perd dans l'instant.
Le souffle d'un bébé imprimé d'un burin léger sur une peau blonde. La quintessence d'un art.