Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement...
Je dialoguais, ce matin, avec ma cuillère à confiture.
Dialoguais ? Ma cuillère participait-elle donc à la conversation ?
Je soliloquais, ce matin, avec ma cuillère à confiture.
Avec ? Monologue-t-on donc de concert ?
Je soliloquais, ce matin, ma cuillère à confiture à la main.
Ce matin ? L’idée de ce billet ne m’est-elle pas plutôt venue samedi ?
Je soliloquais, ma cuillère à confiture à la main.
Ma cuillère ? “Une” cuillère, ne serait-il pas plus approprié d’écrire ?
Une cuillère à confiture à la main, je soliloquais.
A confiture ? L’objet ne me sert-il pas, à l’occasion, de levier, de marque-page, de tournevis, de grattoir, de cale-porte, de cure-dents — de cure-dents ? non —, de mini-pelle à rempoter les subtiles boutures précoces, de mailloches pour concerto pour timbales, bols et bocaux ? Et, même rendue à sa fonction primitive, la cuillère ne brasse-t-elle pas moutarde, miel, mayonnaise, breuvages divers autant que confitures et compotes ?
Je soliloquais, une cuillère à la main.
Soliloquais ? Soliloquer, c’est se parler à soi-même et se parler n’est-ce pas échanger des paroles ?
J’étais silencieux !
Je rêvassais, une cuillère à la main.
J’eusse mieux fait de dialoguer finalement. Les propos de la cuillère eussent alors un peu éclairé les lecteurs sur l’état de mes rêveries.
Eclairé ? Encore eût-il fallu que le son de sa voix parvînt à leurs oreilles : empêtré que j’étais dans mes songeries, mon bras suspendu en l’air, c’est la bouche pleine que la dite cuillère eût dû tenter d’alimenter la conversation.
Je rêvassais, une cuillère pleine de confiture à la main.
Point ? Cet incipit n’exigerait-il pas plutôt une virgule après le mot “main” ?
Je rêvassais, une cuillère pleine de confiture à la main, quand...
Non, STOP !