Ouaf !
Mais non, je ne suis PAS mort.
Même la vieille ne veut pas de moi, c’est vous dire...
Et non seulement je ne suis pas mort, mais, ce matin, j’ai mordu un chien.
Enfin, mordu ?
J’ai VOULU mordre un chien.
Enfin, un chien ?
Comme une peluche blanche, avec des crocs, qui me collait à la jambe pendant mon footing du siècle.
Je ne sais pas si la chose souhaitait me mordre ou m’intimider, mais moi, j’ai eu envie de la mordre.
Voyez la scène.
Une longue ligne droite de plus d’un kilomètre, au milieu d'icelle, une voiture arrêtée, sur la gauche (dans le sens de la course du marionnettiste) un pré à vaches et sans vaches — donc avaches —, à droite un petit bois de feuillus afeuilles — donc sans feuilles —, près de la voiture, un vieil homme d’au moins deux ans de plus que moi, et deux chiens : un poltron, l’autre bilieux. Le poltron — le plus gros des deux — a fui à mon arrivée et l’autre est venu à ma rencontre.
— Il n’est pas méchant, il ne mord pas, me jette l’ancêtre quand j’arrive à sa hauteur, flanqué de son clébard furibard au mollet.
Je croyais que l’ire du jouet criard allait cesser aux injonctions de son maître — lesquelles ne vinrent pas — nenni. Le bichon — si c’en était un — a tenu à me faire frissonner — la salive me coulait aux babines — encore cinq cents mètres.
Je vous jure que l’envie de mordre m’a prise. Tiens, c’est chien — c’est un synonyme de “bête”— j’aurais souhaité me transformer en pitbull au nouvel an — pour autant que j’eusse été exaucé — je réalisais mon fantasme : bouffer tout cru un de ces cabots que tout mouvement un tant soit peu vif — oui, mesdames, ma course reste encore assez vive — excite l’instinct, bien qu’enfoui sous des siècles de domestication, de la chasse chez ces descendants dégénérés des premiers canidés inféodés à leur pépère ou à leur mémère.
Bon, ce n'est pas que je m'ennuie, mais l'aventure m'a creusé l'appétit, je vais boitiller, jusqu'au premier fastfood venu, et voir si je n'aurais pas l'occasion de tourner ma colère* contre quelque hotdog expiatoire.
* d'aucuns voudraient me suggérer de remplacer ce substantif par un autre de quatre lettres, commençant par un "p" et rimant avec facteur, mais alors, moi, je dis que si d'aucuns sentaient leur envie d'écrire les submerger qu'ils ouvrent un blog et me laissent le soin de mentir** ici comme j'ai toujours fait.
** enfin, mentir ? L'art n'est-il pas un mensonge qui dit la vérité ?