Hommage à Prouts (c'est Prouts et non Proust ; ne croyez pas que je sois si décati que je confonde et les uns et l'autre)
— Grand-Père, j’ai une surprise à te montrer.
Le bambin sommeillait dans la voiture après trois heures et plus de route, sanglé comme un taïkonaute sur son siège même pas éjectable ; ses pas lourds de l’ankylose trahissaient son réveil récent : n’empêche, sa première phrase à mon adresse, sûrement méditée depuis le départ du domicile parental — voire plus tôt encore — fut celle que j’utilise pour amorcer ce billet.
— Une surprise ? fis-je un brin figé — j’écris “figé” pour éviter “surpris” dont la redondance vous eût, lecteurs, affligée.
Pourtant, l’aïeul — moi — ne sortait point du moindre somme réparateur mais de la cuisine enfumée du fumet des profiteroles glissées sous le grill du four à moins que ce ne fussent des vapeurs du poulet bouilli au concombre, bref, l’aïeul sans qui cette histoire perdrait et son sel et son suc, un brin cueilli à froid, mima l’étonnement et s’enquit de la nature de la surprise.
— J’ai apporté mon coussin péteux.
Son coussin péteux ! Vous eussiez dit “péteur”, chers amis, lui, n’usa ces deux jours que de péteux.
Un coussin péteux !
J’en avais entendu parler et associais l’objet à quelque repas de mariage entre ruraux cousins noceux — je sais, vous eussiez préféré noceurs — décidés (les ruraux cousins) à user du coussin pour dérider les fesses des joyeux convives après la messe — convenez que pendant c’eût été cavalier, mais n’en avais jamais ni vu ni entendu de ma propre ouïe (pour autant qu’on ouït de ses propres yeux — je sais, ce soir, je ne suis pas à mon zénith, plutôt azimuté (comprend qui veut, d’ailleurs je reporte à demain le récit des pétarades, foirades et autres canonnades que le dit objet eut le don de provoquer entre nos murs, sans oublier, toutefois, de signaler que Grand-Papi — l’arrière-grand-père des petits d’hommes — allez comprendre le pourquoi de la chose— entra en résonance avec l’instrument à vents et qu’il offrit à l’assemblée un canon digne d’un chant grégorien pour célébrer les vêpres).