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Papistacheries
23 août 2010

Mowgli et Perceval au cirque (3)

File d’attente sous  soleil brûlant. Plaise au ciel que je n’atteigne jamais le seuil du troisième âge ; à voir comment papis et mamies jouent des coudes pour une place à l’ombre, je ne brigue guère l’honneur de m’inscrire au club des papis-rois.

Perceval, dans son hamac pendu au côté de sa mère, jouit de l’ombrage d’icelle. Mowgli, d’une langue lente et menue lèche une sucette serpentine à moitié grosse comme sa tête : il a choisi ; le soleil ne lui chaut guère.

Les têtes blanches et teintes piaffent, la toile se soulève, le public tend ses billets, on se presse, le chapiteau avale sa ration de l’après-midi. Sous la toile, la touffeur oppresse.
— Y a pas moyen, monsieur, d’ fair’ baisser c’tt’ chaleur ?
— ...
— Roger ? I’ m’répond mêm’ pas. I’ l’en a rien à foutr’. I’ m’répond mê’m’pas. Roger, dis què’qu’ chos’ !


La cage aux fauves est dressée.  D’abord  vendre les pop-corns et les jouets aux diodes clignotantes : drapeaux, tourniquets et baguettes enrubannées. Un tiers des places est occupé. Perceval dort. Mowgli a lâché la sucette autant grosse qu’une assiette à dessert — oui, ça lui fait une grosse tête et alors ? oubliez  ce que j’ai écrit voici dix lignes !

Soudain, la musique tonitrue. Perceval dort. Mowgli se bouche les oreilles et me lance qu’il aimerait bien aller faire un petit tour dehors prendre l’air. Ouf, tant qu’il ne souhaite pas fouler la sciure pour câliner les tigres de Sibérie. Perceval dort, sa mère jouit du spectacle.

Les numéros s’enchaînent. Les musiciens se déchaînent. La moiteur a vaincu l’ire des retraités sans gêne : ils cuisent. Mowgli transpire, Perceval dort.

Entracte : il restait des pop-corns et des jouets lumineux. Pour la seconde partie nous achèterons les uns et l’un des autres.
— Grand-Père, tu es le loup et moi je suis Cocotte.
— Eh, pas par là, c’est la cage des tigres, Cocotte. On te plumerait.


Le long Grand-Père court,  le court Mowgli fuit — Grand-Père ne fuit pas il est sec — et Perceval dort — nul ne sait si sa couche est sèche, ni si elle fuit, peut-être sa mère ? mais elle est coite sur le sujet.

Et Mamoune ?
Mamoune teste les pop-corns. Amar soit béni, ils sont salés ; tout à l’heure, de retour sur les gradins de bois, Mowgli découvrira la saveur de la graminée que nos amis du Québec nomment blé d’Inde et convertira l’espace d’une heure le chapeau de son aïeul en auge* à céréales.

* J’eusse aimé écrire “bol” mais j’ai craint qu’une réputation de petite tête ne naisse et essaime hors les frontières de ce journal intimement exhibé.

à suivre...

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Commentaires
P
Reprenez-en une part, Captaine Lili, c'est de bon cœur.<br /> <br /> Et Teb en Madame Loyale ? C'est gentil de vous être attardée ici quand votre public vous attend.
T
Lu, et imaginé, Papistache...<br /> Pour l'heure, le spectacle est dans les gradins ;-))
C
un régal ce texte !
P
S'il ne me reste qu'une lectrice, MAP, ce sera bien vous. Merci de votre lecture, voyez, l'un ne va pas sans l'autre.<br /> <br /> C'est finement observé Walrus, on n'a qu'à voir la promptitude des fauves à quitter l'arène quand la trappe se lève.<br /> <br /> Si ma peinture vous donne faim, Sandrine, c'est qu'elle est à peu près réussie. <br /> <br /> Merci Fred de votre lecture enthousiaste.<br /> <br /> Le plaisir est d'être lu, Brigou, merci.
B
Un vrai plaisir de vous lire !
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