D'un battement d'ailes d'un papillon
Ce mercredi matin, 4 aout, le géniteur éreinté de ces pages s’accorde une pause.
— « Il était, monsieur le commissaire, aux alentours de 10 h 45, 11 heures. Plutôt 11 heures ; le soleil atteignait la brique de l’angle du mur qu’on aperçoit depuis le tabouret du bureau si on veut bien accepter de se reculer un peu et de tourner la tête vers la gauche. »
La mousse d’un café corsé affleure du mug posé à sa droite.
— « C’est un fait, monsieur le commissaire, que depuis quelques mois, le breuvage dont le compagnon écrivain s’abreuve est celui-là même qui constitue à 80% le sang qui coule dans les veines d’une qui ne s’en cache point voire s’en vante. »
Soudain, erreur on ne peut plus funeste, il pivote un peu rudement sur son siège de bois et le mouvement des épaules communiqué à son bras s’amplifie après le coude : sa main vole.
— « Absolument, monsieur le commissaire, j’y étais et je confirme. »
Sa main vole ? Sa main vole ? C’est qu’à défaut de beaucoup de connaissance(s), il a le bras long, l’atèle autochtone. Pour faire court —avec un bras long, c’est acrobatique — le dos de la main de l’animal heurte le mug qui propulse à tout va et le récipient et son contenu. Va qu’il avait le geste auguste ; l’aurait-il eu petit, il se brûlait la cuisse. Cette idée aussi de porter des pantalons courts au cœur de l’été !
— « C’est pourquoi, monsieur le commissaire, votre partenaire à la belote coinchée me fait dire qu’il n’honorera pas son rendez-vous du mercredi après-midi ; il répare les dégâts de sa maladresse. S’il a juré ? J’ai promis de n’en rien dire. »