Promesses d'abstème
Tous les matins, je...
Non ! pas tous les matins, certains seulement.
Certains matins, je...
Tsss, tsss, tsss, c’est bien vague.
Chaque matin qui me voit longer la départementale 25...
Longer ? non, parcourir.
Souvent, le matin, quand je me rends à mon travail, je suis admiratif du paysage champêtre que la brume et la lumière rasante magnifient ; je me promets de me planter à tel endroit pour photographier les prairies bordées de grands arbres, un jour où nulle obligation professionnelle ne me fera relever la manche de ma veste sur mon poignet gauche de l'index droit ; je me lèverai tôt, je me planterai là avec mon appareil en bandoulière, je guetterai l’aurore, j’appuierai sur le déclencheur et plus tard, contemplant la série d’images, je me dirai : « Du temps où je travaillais, je m’étais promis de ne passer sur cette route que pour le plaisir. »
Je me promets... certes ! mais je me connais... et les promesses que je me suis faites ne sont pas de celles que j’ai mis le plus d’assiduité à honorer. Vous verrez que jamais vous ne verrez la moindre représentation de... oh ! « représentation », ne m’étais-je pas promis, un jour, d’apprendre la peinture à l’huile ?