Sans beurre ni farine
Je rentre de la boulangerie. Celle de la rue du Gros Gland. Là où officiait Madame Patapin ! Souvenez-vous ! Je vous ai entretenu de sa peau diaphane, jadis.
Osez entrer Madame Patapin dans la petite fenêtre blanche en haut de la colonne de droite. Bel outil que celui-ci pour pallier les défaillances de la mémoire.
Ici le lien vers les billets concernant la diaphane dame du temps des chroniques ridées.
Je rentre de la boulangerie. Il faut croire que le commerce n’est pas de bon rapport, les propriétaires s’y succèdent au rythme de deux par an.
En ce moment, au fournil, un boulanger amoureux. C’est terrible un boulanger amoureux, ça se lève tard. Le flanc de son épouse lui est plus agréable que son homonyme pâtissier.
9 h 00. C’est horaire raisonnable. Eh bien, non ! Pour la Fleurysette, il faudra repasser. Elles ne sont pas encore prêtes à être enfournées. Mowgli aura toutefois son croissant : 0,75 € l‘un. Je note le prix. Dans vingt ans, relisant ce billet, l’enfançon me saura gré de lui avoir laissé un indice du coût de la vie en 2010. C’est que j’oublie, moi, le prix des croissants. Je n’en achète que pour les invités. Trop de beurre et de farine. J’ai essayé, une fois, de demander un croissant sans beurre ni farine : la boulangère a perdu un œil. Et une boulangère borgne, ça peut aller mais aveugle ? Non !
Pour la baguette, je repasserai. Lundi de Pâques, que faire pour s’occuper sinon fouler le bitume deux fois ? Quatre, si on songe qu’il faut revenir sur ses pas. Manger du bon pain vaut bien qu’on y perde quelques calories à l’aller chercher.
Mowgli, sa mère et son père dorment encore. Ce petit monde se couche tard, se lève tard. Le soleil a bu la rosée matutinale ; moi, mon thé du même tonneau. J’attendrais volontiers le réveil du blondinet et le laisserais passer devant. Toutefois, sa course s’apparentant à celle du renard en maraude, il me ferait bien courir trois kilomètres avant de pousser la porte de la boulangerie.
— Oooh, Monsieur Papistache! On a vendu la dernière Fleurysette voici un bon quart d’heure. Cette idée, aussi, de venir acheter son pain à 13 h 00 passées.
On devrait imposer le célibat aux boulangers.