Sans doute il eut raison
Au diable les accouchées.
Foin des mises bas.
Voyons que je procrée de nouveau.
Mardi soir, je sortais les poubelles. Mercredi matin, je les rentrais.
Entre les deux : une nuit.
Une nuit pendant laquelle les éboueurs sont passés.
Pleines au soir, vides au matin.
Poubelles plurielles.
Plurielles à force de singularité.
Déchets organiques.
Déchets à incinérer.
Déchets à recycler.
Il me revient en mémoire cette aventure contée par la presse voici quelques mois.
Dans ce ministère — était-ce celui de l’écologie ? ce serait plus goûteux, faisons comme si — la foi verte chevillée aux principes, le gentil personnel s’efforçait de diversifier au maximum le moindre rebut de son activité. Las, la dame préposée au ménage des bureaux ne disposait que d’un seul sac pour procéder à la collecte des cartons soigneusement étiquetés. Ainsi, chaque nuit, elle s’appliquait à rassembler les débris divers gentiment dispersés au long du jour. Et zou... à la benne !
Il se chuchote que bientôt les ordures seraient taxées au poids. Verra-t-on fleurir des serrures à combinaisons au couvercle de nos poubelles ? Qui le premier songera à vendre sous le manteau des passepartouts ? Les décharges sauvages — pas encore totalement éradiquées en nos campagnes en dépit des déchetteries gratuites — retrouveront-elles vigueur et laideur réunies ?
Hier soir, je m’interrogeais. Le local à ordures est en contrebas de la route ; chaque mardi, je tire les deux conteneurs lourds, lourds, — pourvus de roulettes, grâce aux essieux — dans la montée vers le trottoir ; chaque mercredi, dans la descente, mes poubelles vides au bout du bras, je philosophe :
" Oh, oh, dit-il, je saigne ! et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
Et que ce Gland eût été gourde ?
Dieu ne l'a pas voulu : sans doute il eut raison;
J'en vois bien à présent la cause. "
En louant Dieu de toute chose,
Garo retourne à la maison.