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Papistacheries
12 septembre 2009

Thé CMLXXXVI

Les enfants, aujourd’hui, c’est moi qui prends la plume. Tout seul. Le marionnettiste dort. Il est fatigué. Je le trouve fatigué. Ses traits sont tirés. Je ne le vois plus très souvent depuis quelques jours. Semaines, déjà.
Il travaille trop.
Part tôt.
Rentre tard.

Quoi ? Qui je suis ? Le Papistache ! Le Guignol de chiffon ! Qui d’autre ?

Je reprends. Je suis un peu inquiet. Pas pour moi. Moi,  je n’ai pas d’âme. Un cœur, oui ! mais... de chiffon.

Ce matin !
Ce matin, je l’entends descendre de l’étage. Il m’a remisé dans un carton posé près d’une table basse au salon. D’où je suis — pour autant que je puisse être quand on me délaisse dans un carton— je vois le bas de l’escalier et la cuisine presque en entier.

Ce matin, neuf heures. C’est tard. Tard ! Même pour un samedi. Son épouse, la douce Mamoune, a entendu le bruit au-dessus de sa tête. Elle est levée depuis plus d’une heure, elle. Oui, plus. Elle a mis l’eau à chauffer dans la bouilloire. Lui, il l’a embrassée et s’est assis à la table ronde. Pauvre chevalier qui siège tout seul. Le bol est prêt, les tartines sorties, les confitures entamées.

Il m’a glacé. Je l’ai vu, depuis mon exil. Je l’ai vu. Il a saisi un sachet de son thé matutinal. Mamoune ne lui parlait pas ; elle s’affairait à quelque geste ordinaire autour de l’évier à peine encombré : un bol sale et deux  cuillères. Entre le pouce et le majeur, les autres doigts repliés, il a étalé de la confiture sur son sachet de thé non déplié. Je l’ai vu. Il a confondu avec une tartine. Il s’en est rendu compte, n’a rien dit à Mamoune, a léché le délit sans se faire voir, a froissé l’enveloppe souillée et a plongé le sachet dans l’eau qui tiédissait.

Moi, j’ai vu. Ne me demandez pas comment j’ai gravi les marches, moi dont les  jambes molles ne me portent pas, pour venir vous alerter alors qu’il est monté se recoucher après sa triste aventure. J’y suis parvenu. Les chiffons s’animent quand la peine les étrangle, savez-vous.

Si vous avez lu les Chroniques ridées autour d’un bol de thé amer, vous savez qu’en 365 billets il n’a pas une seule fois tenté de vous faire rire en laissant croire qu’il tartinerait, un matin le rectangle de papier, peint à l’enseigne du revendeur de la tisane chinoise. C’est au-delà de son imagination. J’ai compris. Mon marionnettiste ne va pas bien. J’ai peur que mon séjour au fond du carton ne soit le signe d’un exil bien plus long.

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Commentaires
S
Oh, ben je suis contente de passer en retard, j'ai le texte et les commentaires rassurant ! OUF !
P
C'est une fiction, Tilleul. Vous vous souvenez avoir lu comment Orson Welles paniqua une partie des Etats-Unis en lisant, à la radio, un extrait de « La Guerre des mondes ». Pardonnez-moi, je ne puis promettre de ne pas recommencer.<br /> <br /> Zigmund, le vent souffle de l'est. Pas de danger pour l'instant d'attraper vos virus.<br /> <br /> Merci Brigou, samedi fut bon, on attend dimanche.<br /> <br /> J'aime parfois jouer à faire peur, Walrus, vous savez le garnement qui fait "Hou !" derrière la porte.<br /> <br /> Miss-Ter, reprenez une tasse, la seconde eau est plus douce. Merci de vous inquiéter. Il ne faut pas.Inquiétez-vous plutôt si je sombrais dans le crochet ou le point de croix.<br /> <br /> Un thé amer, Virgibri. Bon, l'amertume titille. Point trop n'en faut. Je vais édulcorer.<br /> <br /> N'ayez pas peur, MAP. Je vais vous dire comme à Tiphaine, ne croyez pas ce que les marionnettes racontent.
M
J'ai triché. J'ai lu le second billet ! J'avais trop peur !!!!
V
C'est un thé noir, je trouve.<br /> Inquiétant, comme dit Walrus.
M
J'ai lu l'intégrale des Chroniques ridées.... Elles m'ont très souvent fait rire... Ce thé là est amer ...
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