Un partout

La semaine passée, j’ai taillé la charmille — je la taille plusieurs fois l’an — mais, pas plus que pour l’écriture, je n’ai trouvé de temps pour ramasser les feuilles jetées à terre. Le soleil les a desséchées. Elles gisent au sol et s’effritent au contact de la semelle. Sur l’herbe haute, où fleurissent les trèfles blancs, l’automne est en avance.

Ma paresse m’a ainsi soufflé une idée — c’est ainsi, ma paresse est à l’origine de bien des inventions de mon existence — je ne vais pas ratisser le jardin ; je vais froisser les feuilles racornies entre mes doigts et rendre au sol ce que la charmille lui a ôté pour se développer.

J’y gagne du temps et la poussière de feuilles va engraisser la terre qui donnera la nouvelle poussée que ma cisaille précipitera dessus le pré.

Il ne faudrait pas qu’il pleuve avant samedi.
Pleuvra-t-il avant samedi ?
Les agriculteurs affirment que non.
Les premiers orages de la saison ont suivi telle route — évitant notre secteur — ils ne se risqueront pas hors de leur itinéraire cette année. Les orages sont disciples de Panurge — ne dit-on pas que les nuages moutonnent ?— je froisserai les feuilles que j’ai coupées et que le soleil a recroquevillées.

J’ai agi pour la glycine comme je fis pour la charmille, mais mercredi seulement. La seule journée de jeudi n’a pas suffi à déshydrater les longues tiges sectionnées qui jonchent la terrasse. J’ai bien lu dans l’œil de Mamoune que j’aurais intérêt — au risque de la contrarier si je ne le faisais pas — de balayer la dite terrasse, ce matin, tôt, afin de la rendre à son état initial.

On ne saura jamais combien de germes d’inventions à base de fainéantise auront avortés au simple regard de travers d’une Mamoune que la nature oublia de créer nonchalante.

Le bilan des sept derniers jours reste néanmoins équilibré :

• paresse du Papistache  : one point ;
  
• œil noir de Mamoune : one point.

Ah ! Dilemme.
La pluie menace.
Vite réduire en poudre les feuilles sèches ou balayer la terrasse ?
Dilemme.
D’autant que je viens d’apercevoir un boisseau de fraises des bois qui avait échappé à ma gourmandise :

• gourmandise : one point.

Comments

[Maminette]

Quand j'entends parler de charmille,ça me rapelle mon enfance: mes vacances en Dordogne sous la charmille où papa me poussait sur la balançoire: merveilleux souvenirs!!

[Papistache]

MAP, cette année, nous mangeons des fraises des bois depuis plus d'un mois sans discontinuer et il en rougit tous les jours encore...

L'autogestion des moutons de Panurge ? Ils doivent voter à main levée comme un seul homme !
Arrosez votre ami, zigmund, ses moutons vous en seront reconnaissants.

A propos Walrus, j'aimerais bien connaître la plus précieuse de vos inventions (à vos yeux, bien sûr.

Les fils d'un vieux monsieur, lequel nous accompagnait à la piscine quand les filles étaient petites (il profitait de la voiture ) assurait qu'en tondant tous les 6 jours on pouvait se dispenser de ramassr l'herbe.

Brigou, votre charmille va dépasser la maison sous peu si vraiment vous ne la taillez jamais.

C'est que Virgibri, je vis avec Mamoune.

Les yeux noirs de Mamoune, Valérie, ne sont guère traumatisants, quant au balai, j'ai toujours couru plus vite qu'elle.

[valérie]

Mamoune? Les yeux revolver?
Oui, ça doit être effrayant.

Moi, j'aurais peur, c'est sûr. Les gens toujours en colère me laissent de marbre, tandis que ceux qui n'ont l'œil menaçant que très rarement me troublent quand ça leur arrive.

Garde à vous, Papistache! Vous n'avez pas trente six choix: le coup de balai, préférez-vous le donner sur la terrasse, ou bien le recevoir?

[Virgibri]

Tiens, l'oeil noir de Mamoune fonctionne mieux sur vous que le mien sur le petit farceur de l'épreuve du Brevet.

[brigou]

Je ne taille jamais ma charmille.. elle pousse au gré de sa fantaisie :)
Paresser.. fainéantiser.. ou encore "avoir la cosse" comme on dit en région lyonnaise .. c'est du bonheur !!