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Papistacheries
20 mai 2009

La vraie raison pour laquelle vous irez voter aux européennes, c'est moi qui vais vous la dire

J’ai échoué mardi, je retente ma chance mercredi. C’est décidé, je vais écrire le billet le plus ennuyeux jamais conçu et c’est Caro-carito qui m’en a suggéré l’argument.


La politique

Les élections au parlement européen. Voilà un sujet grave qui mérite que je vous éclaire, citoyens fourvoyés qui n’attendez que moi pour vous forger une opinion...

Zut, j’ai écrit “citoyens” ils vont me prendre pour Robespierre. C’est vrai que j’ai un peu du Robespierre,  (si on inverse les lettres de Papistache et qu’on mélange un peu — un peu plus, là, c’est bon !— on obtient Robespierre) mais  un Robespierre éclairé, un Robespierre consensuel, un mou, un lâche. A la guillotine !

Camarades ! Camarades ? C’est récréatif "camarades", on se croirait en primaire. Justement les primaires en politique ? Pour ou contre ?

Mes amis ! Mes amis ? En politique on n’a pas d’amis on n’a que des intérêts. A 10 %, en début de carrière. En fin de carrière, les intérêts sont plus intéressants. Oui, mais moi, je m’égare et je risque de devenir passionnant. J’en vois même qui prennent des notes. Ce n’est pas mon but. Je veux prouver que je suis capable de forcer mes lecteurs à sortir sur la pointe des pieds. Des pieds ?

Françaises, Français...
Quoique, non, là, les pas Français votent aussi... on va me croire partisan des partisans des partis pas zan, zen, pardon ! zen !

Mes frères, mes sœurs en ce dixième samedi après celui qui précède l’écriture des poésies à la puissance du samedi... Mon père, je vous prie, rendez-nous le père, à thé, athée, Papistache, il doit nous bassiner sur l’urgence de se rendre aux urnes...

Voter ?
Chers lecteurs, je ne vois qu’une raison de le faire. MOI !
Car, où serai-je le jour où vous glisserez votre bulletin dans l’urne ?
Oui, où ?
Je serai derrière l’urne.
Dès sept heures, je serai, cet assesseur qui vous scrutant dira : “A voté !”

Je vous verrai, vous, Tilleul, de vert vêtue et fleurant bon les pétales de pollen poudrés, printanière, éclose, porter votre petit bulletin imprimé sur la feuille de votre totem.

Je vous verrai, vous, Valérie, un enfant sous chaque bras, un mari dans l’autre, cigarette andorrane éteinte sur l’oreille et mousse de café au coin des lèvres insérer avec émotion votre bulletin, javellisé et repassé de frais, dans l’urne, puis, d'un pas énergique, dévaler le perron de la mairie et, les yeux grands ouverts, jetant au monde un regard fier, lancer : "Je te défie la vie !"

Je vous verrai, vous, Tilu, émule de Rémy Bricka, femme-orchestre, harnachée de vos mille casquettes, lâcher, en chantonnant, une enveloppe repeinte de bleu par de petits doigts malhabiles et vous enfuir sur votre solex solaire afin de retarder la marche sportive de votre époux dans une ravine escarpée où poussent des lézards nains bibliophages à coroles.

Je vous attendrai, MAP, portant une lourde grille de fer forgé arrachée à un palais nancéen, destinée à dresser une barricade dorée à l'or fin, au premier carrefour en cas de scrutin défavorable à la liberté d’expression, votre bulletin attaché à la dragonne de votre appareil photo.

Vous, Teb, après avoir attendu vainement deux heures devant les portes closes de l’arsenal des pompiers (c’est vrai où aviez-vous la tête ?) un bulletin sous le bras, gravé à la pointe de l’opinel sur une planche de bois d’arbre, vous entrerez, à reculons pour donner l’impression de sortir, et briserez l’urne sous le poids de la lourde volige professant votre choix.

Virgibri, qui aura souligné de rouge les coquilles et boulettes de l’imprimeur sur son bulletin élu, se juchera sur un tabouret et d’un geste gracieux enverra d’une volée précise au cœur de l’urne la flèche portant ses vœux, telle une Marianne lassée d’attendre son Robin.

Aude, au petit matin brumeux, pieds nus sur la grève, aura choisi le plus beau caillou que la mer aura arraché à la falaise grise pour l’envelopper de la profession de foi de son parti chéri et soulevant son enfant  précieux à deux mains au-dessus de l‘urne, lui dira : “Va, bonhomme, tu portes l’avenir de l’Europe comme je te porte moi, vise droit la fente, tu es Pierre...

Adi — gare aux vieilles qui oseraient se mettre en son chemin — le petit orteil enrubanné de tricolore, récitant le code électoral, menacera de faire annuler le scrutin au prétexte que la cravate de l’assesseur (moi, pour ceux qui ne dorment pas encore) n’est pas en harmonie avec le rideau de l’isoloir mais finira par demander poliment la permission d’introduire sa galette aux herbes des Côtes d’Armor dans l’urne.

Walrus, revenu du diable vauvert, sa serviette à déguster les homards encore attachée au cou,  se réjouira d’avoir conservé le demi-citron qui accompagnait les huîtres du petit déjeuner pour écrire, à l’encre sympathique, son sentiment sur la monarchie présidentielle du petit pays riverain qui menace de chienlit sa tranquille Belgide.

Caro-carito s’en ira voter, déguisée en boucanier caraïbe, un couteau entre les dents, une mâle tribu anthropophage hurlant à ses basques ; tribu que d’un geste un peu las ou excédé, elle enfournera, avec son bulletin, au fond de l’urne promettant de la venir récupérer à l’heure où les assesseurs enfin peuvent boire.

Je ne verrai pas Joye, encore toute fébrile du succès de son héros au swing séducteur dont elle fut le hérault, là-bas dans nos lointaines colonies concédées jadis à bas prix. Mais Joye aura poussé la chansonnette et réinterprété l'hymne européen en canon à six voix, réécrit les paroles et fait une superbe tourte à la rhubarbe à déguster tiède avec de la crème en attendant la proclamation des résultats.

Poupoune, un couteau de boucher glissé dans la ceinture de son tablier, les manches relevées sur des avant-bras musculeux, tranchera énergiquement en faveur du parti des assassins pourvu qu’ils soient drôles et débitera cinq cents grammes (y’a un peu plus je vous laisse !) de papier aux couleurs de ses rêves (rouges) dont elle lardera l’urne en poussant des cris terrifiants.

Zigmund aussi viendra emplir l’urne de son bulletin, s’excusant d’avoir parcouru tant de kilomètres pour venir dans ce bureau plutôt qu’un autre mais il prétextera qu’une myopie extravagante et galopante l’oblige à se tenir au plus près de ses nouveaux amis.

Je verrai Tiphaine rester sur le pas de la porte et hésiter à entrer déposer les vingt-quatre mille pages de son manifeste pour une Europe meilleure. J’irai lui tendre la main pour franchir le paillasson dont les couleurs jaune, vert, bleu et rouge, la contraindront à danser une tarentelle endiablée, il pleuvra du sang, des grenouilles, des vaches maigres, du lait condensé sucré et Dieu tonnera : "C’est pas bientôt fini ce cirque, Tiphaine !" et Tiphaine trouvera que Dieu n’est pas beau joueur et elle s’éclipsera quatorze jours pour lui dire ses quatorze vérités.

Captaine Lili fendra les flots et tirera une bordée contre l’urne qui résistera comme seules des douleurs chroniques savent le faire à la charge incandescente ; résignée l’enfant-poète quittera son navire et ,dévissant sa jambe de bois, en extraira son bulletin, enclos dans une bouteille de vieux rhum, aux couleurs de l’Olympique Lyonnais, et jettera le tout dans ma direction avant de s’en retourner droit vers le soleil couchant.

Sandrine, sortira alors de sa cachette, et confondant l’urne aux parois transparentes avec l’aquarium de son Alexouille, y introduira une pincée de daphnies bio en mimant la chanson de la carpe koï puis, avisant un caniveau charriant la pluie provoquée par la colère de Dieu et Tiphaine réunis, elle confiera au flot incertain la destinée de son choix européen.

Je verrai de doux fantômes arriver après l’heure de fermeture du scrutin, des Kloelle, Janeczka, Miss-Ter, quelques feuilles d’érable aussi, peut-être, et bon prince, je fermerai les yeux sur les fils de soie dont elles voudront bien enturbanner l’urne, les assesseurs, le bureau et la ville et, dans la douceur du cocon qu’elles auront tissé, je m’endormirai comme vous avez fait tous, toutes, à la lecture de ce plus ennuyeux billet que les élections européennes 2009 aient jamais engendré.

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Commentaires
U
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J
Pas de bol pour la tarte et la chanson, Papistache, je serai aux champs. Et pas ceux dans une bouteille ni ceux entre la Concorde et l'Étoile à Paris.<br /> <br /> Mais c'est gentil d'avoir pensé à moi, une sans-papiers sans-vote.
T
Ma foi, être derrière l'urne, c'est toujours mieux que d'être dedans ! (Oui, ça va mieux merci!)<br /> Joli billet Papistache, une raison de plus pour voter, mais je ne sais toujours pas pour qui !
S
Mon Alexouille préfère le steak de têtard...
V
Oui, j'avais lu avant et sans.
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