Le glog à Tipahine
Si Tipahine tenait un glog (n’en tiendrait-elle qu’un, déjà ?) voilà ce qu’elle aurait noté au soir du samedi 11 avril de cette année.
Si Tipahine tenait un glog, bien sûr ! Sinon... si elle n’en tenait pas... elle n’en aurait pas, maman, les p’tits bateaux qui vont sur l’eau... ont-ils des jambes ?
Alors, si Tipahine savait écrire, qu’aurait-elle noté ?
C’est que le défi est de taille.
M*rd*sse ! Tipahine va croire que je l’ai trouvée grosse.
ELLE — Ah ! Ça fait plaisir d’apprendre que je suis grosse ! Ça fait plaisir, si, vraiment !
LUI — ..., glog! pas glog !
Déjà, parait-il que le premier commentaire que j’aurais déposé chez elle n’était pas gentil. Heureusement, il se chuchote que le second rattrapait la boulette.
La boulette ?
ELLE — Mon Dieu de la subjectivité, il m’a vraiment trouvée grosse !
Mes premiers pas chez Tipahine, c’était, oh... longtemps... son enseigne ne clignotait pas encore. Il est très rare que je laisse un lien vers mon blog quand je dépose un commentaire — j’économise un clic : pas de petites économies — un jour, par prodigalité ou par inadvertance, je laisse un lien.
— Vous avez un blog, Papistache ?
Comment elle avait écrit cela !
Mais, je tourne autour du pot au glog... c’est que... caricaturer Tipahine n’est pas chose aisée. Elle pose des questions que même si j’avais la réponse elle me la retournerait pour voir les coutures à l’intérieur.
— Papistache, de quelle couleur est la Terre ?
— Elle est bleue comme une orange, non ?
— Tra-la-lère, ça dépend si on l’aime tartare, la Terre ; bleue c’est déjà trop cuit...
Je vais laisser Valérie s’installer. Pendant ce temps, je compte les pas que Papistache fait pour se rendre de chez lui à la boulangerie. Avec Valérie on a déjeuné dans un boui-boui ottoman mais, quinze mètres plus haut, dans la rue de la Gare, j’ai vu LA boulangerie. Celle des petits déjeuners papistachiens. J’ai allongé le pas pour trouver sa foulée, Valérie m’a dit :
— Longues jambes, pas lents.
J’ai recompté deux fois. Trois en fait, il a bien fallu que je sonne au portillon : numéro 3, c’est écrit dessus.
La maison est bien jaune, on dirait le paradis. Enfin, c’est relatif, le paradis des pauvres gens. C’est Mamoune qui est venue m’accueillir. Valérie m’avait dit :
— Son sourire précède le son de sa voix...
Pas de dallage dans l’allée qui mène à la maison, des fissures, mais pas de dallage. Rassurant. Juste éviter de tomber dans une des fissures.
L’essentiel se voit avec le cœur. Je vais fermer les yeux. Les yeux, c’est Valérie qui les écarquillera. Moi, les sons et les odeurs, elle, les images. Les sons... en Normandie on aime bien les taiseux. Du Perche à la Normandie la frontière est virtuelle.
Les odeurs... la cheminée éteinte... le café — pas ottoman — il a fait froid sur la terrasse... des gouttes de rosée captives au creux des feuilles des lupins...
Il avait dit :
—D’accord pour une bise mais vous venez toutes les deux.
On est venues, toutes les deux. Rien qu’un quart d’heure de décalage. Il avait oublié son invitation. J’en ai bafouillé. Il a dû remarquer. Il oubliera.
Quatre-cent-quatre-vingt-treize !
Parait-il que mon premier commentaire sur son glog, à Tipahine, n’était pas gentil. Notre relation a cependant suivi sa voie (ouf, je me demandais si j’arriverais à placer cette graphie-là), la relation de notre premier entretien pourra bien être bancale, cela ne devrait pas créer de déséquilibre entre Tipahine et moi ni per... MAIS ! MAIS ! C’est pas Tipahine qu’elle s’appelle, c’est Tiphaine et son glog en fait est un bolg comme tout le m personne. El Bolg.
Tout est à refaire.
On recommence ?