Solennelle communion
J’avais fait un pain,
dimanche matin,
un pain chaud pour déjeuner.
J’y avais mis de l’eau,
un verre plein.
Du sel marin,
entre trois doigts,
trois fois, au moins.
Du miel.
Je sucre ma pâte au miel de châtaignier ; c’est ma signature.
Combien ?
Deux cuillères dégoulinantes et rebondies.
De la farine,
trois verres — de celui qui avait servi pour mesurer l’eau —.
Deux cuillerées à soupe d’huile d’olive
et encore un peu, comme ça, que la mesure soit bonne.
Vingt-cinq centilitres de coulis de tomates
et douze ou seize olives noires — à la grecque — dénoyautées.
Une poignée grosse
et pleine d’inflorescences de thym de l’été.
Une dosette de levure de boulanger,
billes beiges à l’odeur marquée.
Y avais-je glissé du gingembre ?
Il faut le croire,
le pot trainait,
ce soir encore,
auprès du four.
Pétrie deux fois,
levée autant
et cuite longtemps.
Ah ! La bonne pâte à Pâtepistache !
Cuite et odorante.
J’ai fait un pain, quoi.
Belle pâte cuite levée comme jamais.
L’alchimie sans moi avait opéré.
Le petit Nicolas (onze ans, je crois), fils des amis invités, est connu pour son chiche appétit. Vous l’auriez vu savourer sa tranche de pain. Il n’en a rien laissé, ni mie ni croute ; il en a même repris et je crois bien trois fois.
Sa mère l’a tancé :
— Nico, ne mange pas tout le pain.
Vrai, le gamin, n’était pas là.
Il communiait,
c’était certain.
Etait-ce le thym ?
le coulis ?
les olives ?
le miel ?
la farine boulangère ?
Bref, le pain était frais — encore tiède — et l’appétit du gamin en a fait cent bouchées savourées.
La Pâtepistache, ravi, regardait l’enfançon s’enfiler la miche quasi toute entière.
Au dessert, Nicolas n’avait plus faim.
Du pain d’épices à la tomate ?
Où donc ailleurs aurait-il pu en manger ?
La recette, je vous l’ai donnée.
Essayez-la !