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Papistacheries
16 mars 2009

La pierre qui couvrira sa dépouille a traversé mille siècles avant que l'homme ne naisse, le burin qui la gravera reste à forger

Dimanche matin, j’ouvre un œil.
                               C’est une expression.
                                       Je ne me conçois pas n’ouvrant qu’un œil.

Dimanche matin, ma conscience s’éveille.
D’entre mes songes, je rapporte une bribe de quelque chose, une phrase :

“Mon cœur ne me heurt plus.”

          J’ai le réflexe de penser qu’il s’agit du début d’un haïku.
          Je scande la phrase.
          Six pieds.
          Ce ne sera pas un haïku.

                                  Où me suis-je égaré cette nuit ?
                                  Un hexamètre !
                                   “...me heurt !”
                                  Cette forme archaïque ! Si elle a jamais existé !

“Mon cœur ne me heurt plus.”


La veille au soir, je n’ai rien lu qui puisse expliquer
qu‘en ce dimanche, ce vers s’accroche ainsi à mon réveil.

Que j’ôte un pied et je tombe sur un pentamètre.
                                  Pentamètre, premier vers du haïku.
                                                                Illumination : “pied, tombe”.

Regardez.
                  J’ôte “Mon” :

“Cœur ne me heurt plus.”

C’est un peu faible, mais je déplace le simple “plus”.

“ Cœur plus ne me heurt.”

Je viens de trouver — sans chercher, le sommeil m’a livré aux petites heures”— l’épitaphe que je voudrais voir graver sur ma tombe.

“Cœur plus ne me heurt.”

Wow, je m’émerveille et quitte le lit.

“Cœur plus ne me heurt.”


                       Prémonition ?
                                               Je n’y crois pas.

En revanche, j’en ferais volontiers l’intitulé de mon prochain blog.
Soyez sympas, laissez-m’en l’usage.
C’est un cadeau que la nuit m’a fait.

                                                         C’est une belle épitaphe.

J’ôterais un pied encore (ce serait le second, je n’en avais que deux en naissant) et apparaitrait un message d’espoir.

“Cœur plus ne meurt.”

A moins que je n’intervertisse  “ne” & “me”.

“Cœur plume ne meurt.”

Message d’espoir encore.
Cœur plume, cœur d’écrivaillon jamais ne meurt.

Se réveiller un dimanche, alors que nul ne vous y oblige, et trouver au terme de 21 000 matins, l’épitaphe que vous aimeriez voir gravée sur la pierre de votre sépulture, vous donne les ailes que la nature vous a toujours refusées.

"Petit-Mari-Aux-Douces-Mains, pourquoi désertes-tu la couche tiède ?
— Je vais de ce pas graver, sur le disque dur du monolithe ronronnant sur le palier de l’escalier, l’épitaphe que l’aube m’a offerte en remerciement d’un bienfait à elle rendu et que j’ignorerai à jamais.
— Mon épaule est endolorie. Un massage savant du bout de l’ongle saura lui rendre souplesse et élasticité. Ton épitaphe attendra, tu n’es pas encore mort et si ta caresse dépasse l’épaule, je ne dirai pas non."


Un courant d’air a refermé la porte.
C’est aussi bien ainsi ; certaines choses gagnent à rester secrètes.

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Commentaires
P
Mon cœur ne meurt plus, Tiphaine ? de quoi parliez-vous ?<br /> <br /> Chacun remplit son jardin de ce qu'il aime Fabeli, merci du témoignage.<br /> <br /> Peut-être, Capitaine Lili que je ne suis plus ni l'un ni l'autre.
C
J'aime votre billet, Papistache. Il est jeune et sage...
F
Ah! la magie d'un réveil au jardin des mots,<br /> quand encore les yeux embrumés<br /> on peut cueillir un bouquet de syllabes parfumées!
T
Mais ce n'est pas de mon cœur que je parlais ! (si?)
P
Sandrine, dans l'école de Tilu, vous tremperiez vos mimines dans la peinture bleue et puis la rouge ou vous construiriez des voitures en carton pour jouer à apprendre le code de la route.
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