Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Papistacheries
8 janvier 2009

L'œuf (VI)

Où les découvertes des lecteurs à propos du chapitre V  éclairent d'un jour lugubre le sens caché des précédents épisodes et intriguent plus qu'elles ne rassurent.

Pas de traces dans la neige ! Patricia, de la fenêtre de la cuisine, ne décollait pas son regard du tapis vierge que la lumière du lampadaire de la rue colorait de jaune. Elle avait questionné son mari qui n’avait pu que lui confirmer que ses visiteuses s’étaient bien assises, l’une sur le canapé, l’autre sur le fauteuil Voltaire. Son fauteuil !

Tilu ! Elle devait appeler Tilu ! C’était sa meilleure amie, de ces amitiés que l’adolescence noue et que rien ne peut altérer. Bien sûr, elle vivait à mille kilomètres de leur maison, mais le téléphone avait été inventé pour elles et les tourterelles qui squattaient les fils avaient souvent les pattes qui frétillaient aux longues conversations échangées. Tilu saurait lui apporter la lumière.

Le diagnostic tomba :
— Pascal est victime de l’addiction du siècle.
La redoutable intelligence de son amie avait, une fois de plus, tranché. Tilu, c’était la fille qu’on craignait  dans les soirées quand quelqu’un s’avisait de proposer de terminer la fête par un petit jeu. Enfin, on redoutait surtout de ne pas être dans son équipe. Elle n’avait pas son pareil pour résoudre rébus, énigmes, devinettes, etc...

Sa démonstration frisa l’évidence. Ombrelune, Label-Œil, ce ne sont pas des noms, ça, ce sont des pseudos. Sur la Toile ne circulent que des masques. Cette Sombre-Lune, comme tu dis, se présente et tutoie d’emblée ton mari, c’est le code ! Elle s’installe, repart et ne laisse aucune trace, normal, elle n’existe pas. C’est une entité virtuelle. Tout ce que tu m’as décrit confirme l’addiction. Des heures passées à œufer (ailleurs on dit également surfer), l’abandon de toute vie sociale, professionnelle. Ton mari est gravement atteint. Que fait-il pendant que nous discutons ?

Patricia, s’éloigna un instant du téléphone et revint en convenant que Pascal œufait. Son amie ne la rassura pas, elle avait connu, chez d’autres couples amis le même phénomène, son propre conjoint, lui-même n’était pas épargné. Une addiction typiquement masculine. Peut-être une faiblesse génétique, une propension naturelle à fuir les réalités. Un sens du romanesque exacerbé, une débilité de l’âme...

Pendant la conversation, une idée chemina dans l’esprit de Madame P. : elle allait détruire l’œuf. Tout rentrerait dans l’ordre. Son amie l’en dissuada et expliquant qu’elle en avait eu l’intention avant elle et que pour empêcher son mari de s’adonner à ce qu’il faut bien nommer un fléau sociétal, elle avait précipité l’œuf sur le sol : il avait rebondi !

Madame P. apprit que, depuis des semaines, le conjoint de son amie avait cessé son travail et négligeait tout ce qui, autrefois, faisait de lui et le meilleur amant du monde et le meilleur ami et... La honte avait empêché Tilu d’en parler à qui que ce soit...

Parvenus à ce stade du récit, les lecteurs du Papistache commencent à se demander quel est le sens caché de ce conte. En effet, le vieil homme les a habitués, depuis deux ans déjà, à chercher, entre les lignes, à interpréter ses remarques en apparence anodines. Et s’il avait voulu leur signifier un message personnel. Après tout, Valérie, très vite, a soupçonné que Monsieur P. et le Papistache ne faisaient qu’un. Alors... alors le bonhomme essaierait-il de dire qu’il aurait, lui, trouvé le moyen de rompre avec l’addiction ?

Dans ce cas, ce feuilleton serait-il son chant du cygne ? Une manière, bien dans son style, de signer ses adieux à la Toile. Un message à ses amis, lesquels ne laissent pas de traces dans la neige, pour les saluer une dernière fois. Mais si c’était vraiment cela son intention, cela signifierait que vendredi 9 janvier, à 6 : 01, L’œuf VII ne paraîtrait pas, ne paraîtrait jamais ?

Décidément, le suspense au sein de ce feuilleton ne cesse de faire battre les cœurs. La réalité et la fiction se mêlent de telle manière qu’il devient difficile et douloureux de tenter de se faire une opinion. Certaines lectrices regrettent déjà d’avoir réussi à éventer les intentions du bonhomme, si elles n’avaient pas flairé dans l’œuf la fameuse box universelle, ou si elles avaient feint de ne pas deviner les allusions grossières du marionnettiste, combien d’épisodes encore aurait-il dû leur servir avant de tirer sa révérence ?

Pas de traces dans la neige immaculée de l’allée ! Justement, Madame P. s’était fait la réflexion en maugréant contre son époux qui aurait quand même pu relever le courrier. Avec une régularité de métronome, chaque mercredi, le magazine télé tombait dans la boite, coquetterie assumée, aux couleurs des volets.

Publicité
Publicité
Commentaires
T
C'est ça que je voulais dire... en lieu et place de "l'époux de Valérie", j'aurais pu écrire Manu... ça aurait été plus clair... :-)
V
Je l'avais compris comme ça moi, voilà pourquoi je n'ai pas été surprise de trouver mon prénom dans le commentaire de Tilleul :).
P
Le lapsus ?<br /> Tilleul, dans son commentaire, donne à l'épouse de Pascal le prénom de Valérie. <br /> A moins qu'elle ne confonde avec l'époux de Valérie (la vraie) qui a bel et bien un escalier à terminer. Voyez, je n'y avais pas songé en écrivant à ce parallèle menuisier( un escalier, une mezzanine). <br /> En fait, je suis le freux qui se pare des plumes du paon, je n'ai aucune imagination.
T
Accorder ma confiance au premier venu... c'est vrai mais pas parce que je suis bonne, je dirais plutôt naïve...
V
Le lapsus de Tilleul? Non... Ou ça?
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Albums Photos
Papistacheries
Newsletter
Publicité