Rien pour cette fois, merci.
Croyez-vous qu’on puisse subir un contrôle fiscal pour une association dont on préside les destinées. Une association au budget annuel de moins de quinze mille euros ?
Croyez-vous qu’on puisse subir un second contrôle fiscal, trois ans après le précédent, pour la même association ?
Si vous avez répondu non, vous pouvez rejouer.
C’était hier. J’ai dû me déplacer. La fois précédente, c’est la contrôleuse qui était venue à ma rencontre. Cette fois, la contrôleuse était un contrôleur. Si je vous dis que je n’aime pas la comptabilité, personne ne me croira. Je n’aime pas la comptabilité.
Tirage au sort, me jure-t-on. Rien à gagner, sinon un après-midi à perdre. C’est idiot, n’est-ce pas, d’appréhender alors que sa gestion est claire. Moins de quatre-vingts lignes sur le cahier de comptes. C’est ridicule.
Se refait-on ?
Je ne raconte pas. Sinon que j’ai appris à utiliser un digicode. C’est ridicule. Vous saviez, vous ? Ah ! C’est vrai, vous habitez la ville ! Moi, j’ignorais.
Je ne raconte pas. Tiens au chapitre des curiosités. Je remonte une avenue, en voiture, et je croise — ou c’est lui qui me croise, j’ignore qui avait la priorité — un bus (bôôça, comme dit Mowgli). Vous savez, un grand car qui transporte des passagers d’un point à un autre. Ah ! ah ! ah ! Perdu ! Sur le bandeau lumineux qui surmonte le parebrise du véhicule, un message qui clignote : « CE BUS NE PREND PAS DE PASSAGERS » Comment savaient-ils à la régie des transports que je venais précisément ce jour-là ? Délicate attention.
— Mamoune, imagines-tu, en ville, circulent des bus qui ne prennent pas de passagers ! ! !
— Mon petit chéri, viens que je t’explique…
Mamoune a grandi en ville, elle en sait des choses… Je vous passe les explications, vous les connaissez.
Je ne raconte rien, sinon que j’ai suivi une artère bordée d’une piste cyclable peinte en vert sur le côté droit d’une chaussée dont la largeur ne permet que le croisement de deux véhicules de taille ordinaire. Je suis arrivé tard, tous les cyclistes avaient déjà été fauchés, je n’en ai vus aucun. Pas même les débris. L’entretien des rues est irréprochable.
Je ne raconte rien.
Non, rien ! Je suis parti de jour et rentré de nuit. Tout le monde fait ça de nos jours (et nuits).
Rien ! La comptabilité n’intéresse personne. Même pas moi, alors.
Rien.
Ah, si, peut-être… et puis non… et puis il est l’heure d’accompagner Mamoune chez le médecin. Ah ! oui, à la campagne, inutile de se lever tôt pour obtenir un rendez-vous, il suffit d’accepter de se coucher tard !