Cueillette à l'impériale : thé 683
Oh ! Zut ! Zut de zut de zut !
Ma déception est à son comble, mon langage se perd.
Trop de connaissances nuit. J’ai bien écrit “nuit”, ce soir. “Nuit”, car c’est trop qui nuit, pas “connaissances” auquel cas, j’aurais écrit nuisent. J’ai lu, cette nuit, le livre de trop. De trop et trop tard pour revenir en arrière. Alors que j’oublie où se rangent mes clés je n’oublierai pas de sitôt ce livre lu si tard. Tard dans la nuit mais aussi tard dans ma vie.
Thé blanc, thé noir, thé vert, thé bleu-vert, tous proviennent du même théier. Seul le mode de cueillette et de fabrication déterminent le produit final.
La cueillette !
Si j’avais su, aurais-je planté un camellia sinensis au jardinet.
La cueillette impériale ! La seule des trois méthodes qui me semblait convenir à ma plantation. Vous savez, seul le bourgeon terminal, le duvet (pekoe) et la première feuille terminale (la dernière donc en fait) sont récoltés pour le thé blanc, le thé de l’empereur !
Et alors, ami buveur de thé blanc, en quoi cela te chaut-il ?
Il me chaut, frileux lecteur, que soucieux de la tradition, je me dois d’en confier la récolte à une jeune fille vierge gantée de blanc et munie de ciseaux d’or !
Et donc, ami buveur, où le bât te blesse-t-il ?
Mais le bât me blesse que je ne saurais jamais réunir tous ces ingrédients pour le prochain équinoxe.
Mais si, mais si, tu trouveras !
Pekoe ?
Mais si, l’arbre survivra à l’hiver !
Une jeune fille vierge ?
Mais si, tu devras l’aller chercher hors les murs de ton domaine mais tu trouveras, tu trouveras !
Des ciseaux d’or ?
Mais si, certes ce ne sera pas aisé, mais tu connais quelques internautes qui maîtrisent comme personne les méandres de la vente par correspondance, elles t’aideront.
Des gants blancs ?
Mais si, mais si, Pronuptia te soldera quelques paires en échange de trente (ou plus) deniers.
Alors, je n’ai point à me décourager ?
Mais non, mais non !
J’aurai ma récolte de thé blanc à l’impériale.
Oui, ami, après flétrissage tu n’auras plus qu’à procéder au séchage de ta récolte au grand air et au soleil.
Mais... mais ... comment flétrit-on les feuilles si “cérémonialement” coupées aux ciseaux d’or ?
A chaque jour suffit sa peine. Commence à t’enquérir de l’art d’acquérir des ciseaux à lames d’or. Il sera temps, cet hiver, d’apprendre à flétrir les feuilles terminales de ton camellia.