La vie ne fait pas de cadeau / Et nom de Dieu c'est triste / Orly, le dimanche / Avec ou sans Bécaud
J’y suis allé !
Aux champignons !
J’y suis allé... aux champignons. Mamoune dans la poche et l’Opinel à la main.
Ou l’inverse. La main dans l’Opinel et la poche dans Mamoune.
Finalement pas l’inverse !
J’y suis allé dans les allées de la forêt.
Allées et contrallées.
Ai rien trouvé.
Rien.
N’ai point vu d’loup, de r’nard ou d'belette.
Ai seulement tapé du pied.
Ni loup.
Ni r’nard.
Ni belette !... ni champignons !
Ni personne d’ailleurs. Tous les promeneurs habituels de ces dernières belles journées d’été devaient encore se pâmer devant leur écran d’ordinateur à suivre les gracieux commentaires qui ont animé le délicieux pré sur lequel les joyeux duellistes de la Plume Acérée viennent user leurs jeunes forces.
Personne !
Deux heures de marche, main dans la main. Ah ! L’Opinel se trouvait dans la poche !
Main dans la main. Aviez-vous remarqué que lorsque le relief avait tendance à s’élever un peu — oh, un peu ! — Mamoune se serrait plus fort à mon coude ?
N’allez pas croire qu’elle soit sujette au vertige, elle régule mon pas. L’interrupteur, je le porte au coude. C’est un peu n’importe quoi, je vous le concède.
Personne.
Ni un chien, ni un cheval, ni un Percheron. J’ai failli écrire : [ni un percheron, ni un Percheron].
Mais auriez-vous vu la nuance ?
Maintenant, oui.
Eh bien moi, je n’ai rien vu !
Enfin, rien ! Rien de vivant.
A part les arbres.
Pas un chat. Bon, en forêt, c’est rare, mais... un chat sauvage ?
Pas un oiseau, pas un mammifère !
Deux heures sans croiser âme qui vive.
Ame qui meure, je n’en ai jamais entendu parler.
Encore un privilège. En est-ce un ?
Marcher, main dans la main avec la femme qu’on aime et se croire seuls au monde.
Pourtant la forêt est domaniale, offerte au public — certains jours aux chasseurs seulement — et rares sont les visiteurs. C’est vrai, aussi, qu’on n’y croise jamais personne, dans cette forêt. C’est d’un ennui.
Pour ceux qui apprécient la foule.
Ou qui craignent la solitude ?
Ou les loups ?
Ou les r’nards ?
Les belettes ?
Vous pensez qu’il existe des gens qui craignent les belettes ?
Je n’en ai jamais vues des belettes.
Enfin, pas cette fois.
J’n’ai rien vu.
Pas même des champignons et ce ne sont pas les promeneurs qui les auraient coupés à l’Opinel ou au Pradel ; des promeneurs, y’en n’avait pas !
Pourtant un champignon, ça ne court pas vite — pensez, un seul pied ! — et Mamoune et moi ne faisions pas de bruit. On aurait pu, vu qu’il n’y avait personne.
Qui aurait-on dérangé ?
Les âmes mortes ?
Peut-être ?
Pas de fricassée apéritive ce soir.
Vu que... pas de champignons.
Tant pis, on r’viendra !
Vous verrez que, le jour où sortiront les champignons, la forêt bruira des pas de mille Percherons. Je ne sais pas comment ils font, les Percherons, mais ils sortent en même temps que les champignons. Et ce jour-là, en plus, ils sortent leur Percheronne, des fois que le panier serait lourd à porter !
De la part de joyeuses duellistes :
Silence, ne pas déranger
Mamoune et Papistache
quand il vont à la chasse,
la chasse aux champignons.
Qu'importe si le paniet est vide
puisqu'ils se tiennent par la main
pour une douce et tendre balade
au coeur de la calme forêt.
MAP
Mamoune tient la carte dans ses mains
Son époux ne retrouverait pas son chemin
Papistache manie l'Opinel avec délicatesse
Pour ne pas que Mamoune se blesse
Mamoune est préposée au panier
Non pas parce qu'il est lourd à porter
Mais parce que l'osier, tant sied
A ses cheveux couleur des blés.
Papistache tieny par la main sa femme
Et de l'autre il tient sa canne
C'est pas tant pour écarter les feuillages
Que pour paraitre plus que son âge
Mamoune et Papistache aux champignons
Ils sont vraiment trop mignons!
Qu'on aimerait main dans la main les rencontrer
Un jour, au hasard d'un chemin de forêt.
Val
Les rencontrer ? On peut toujours rêver !
C’est qu’ils sont très discrets ...
Eventuellement leur promettre
De partager cèpes, pleurotes et autres tramètes...
Car, avec un opinel dans la poche
Et Mamoune dans la main...
Difficile de remplir une sacoche
Autrement qu’avec du baratin....
Mais qu’importe la fricassée apéritive,
Ces deux-là sont seuls au monde,
Ne croisant aucune âme qui vive,
À des kilomètres à la ronde...
Ils n’ont vu ni le loup, ni la belette...
Passés pourtant sous leur barbichette...
Lors de l’ascension d’un chemin caillouteux,
Mais ils n’avaient d’yeux que pour eux ....
Miss-ter
Si on ne les rencontre pas aux cèpes
On pourra quand même, peut-être
Les apercevoir prés des haies
Quand il iront aux baies
Ils se tiendront la main, c'est sûr
Tout en cueillant des mûres
Avec une main libre chacun
On peut récolter un festin !
VAL
Car Mamoune est la reine des confitures,
Qu’elles soient de coings ou bien de mûres....
Étalées sur des tartines grillées,
On va tous se régaler....
Trouver juste la bonne date,
Pour goûter tous ces aromates....
Le tout autour d’un thé...
Ou d’une boisson cacaotée....
Miss-Ter
Ah! Mais c'est pas vrai!
C'est que Miss-ter va me fâcher!
Elle a tout bonnement oublié le café
Qui se marie aussi avec le pain confituré
M'enfin s'il faut j'buverais un thé
Pour faire plaisir à ma chipie adorée
Et pas être impolie chez Papistache
Ce serait comme même fâcheux qu'on s'fâche!
Val
Quand même!
Quand même...
Val
Je dirais même plus : ennuyeux qu’on s’ennuie ...
Mais les duellistes de la Plume Acérée,
De joutes écrites en joutes verbales jusqu’à la nuit,
Risquent d’être très affairés...
Qui vivra verra...
et Qui « buvera » cuvera.... !!!!
Miss-Ter
Qu'on s'ennuie, tous à table ?
ça me parait inconcevable
Et qu'on cuve, improbable!
Papistache est si raisonnable.
Val