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Papistacheries
30 juillet 2008

Resucée du thé CCLXX

Thé CCLXX

Epouse-Nomade devait rentrer tard hier soir.
            Pas d’heure précise.
                        Tard !

Une intuition m’a pris.
Comme il pluvinait serré, je suis allé ouvrir le portail, puis la porte — les portes !  — du garage.
Le deuxième vantail achevait-il à peine sa course qu’Epouse-De-Retour s’engouffrait dans l’allée.

Je fus si content d’avoir anticipé au plus juste que je regrettai aussitôt qu’on ne fût pas le matin. J’aurais pu me recoucher dans la foulée, assuré que plus rien de meilleur ne pourrait m’advenir de la journée.

Manque de chance, mon bonheur tombait aux dernières heures.

— “Tu pleures ?
— Non, c’est la pluie qui ruisselle sur mon visage hâve. Je suis si réjoui de t’avoir épargné la contrariété de sortir du véhicule pour ouvrir le portail...
— N’empêche, on jurerait des larmes. Fais-moi goûter !
— Le vent est orienté à l’ouest. Si tu sens le sel, c’est que les embruns auront poussé jusqu’au jardinet.”

Je suis quand même allé me coucher, mais sans gloire, les poules avaient gagné leur nichoir depuis longtemps.

       Je donne l’impression de fuir mon travail.
       N’en croyez rien.
       Depuis l’âge de dix-huit ans, j’exerce la même profession.
       Je suis comme le pêcheur, immobile sous son saule,
       c’est l’eau de la rivière qui se renouvelle à l’infini.

Reste que, même si je me lève désormais le premier, je mesure, chaque jour, que le temps nous est compté et que l’envie me tenaille de boitiller ailleurs voir si l’herbe n’y serait pas plus verte.

Frêle Monsieur Seguin, dont toutes les chèvres ont quitté le petit enclos et gambadent en ce moment dans les herbes folles, là-haut, avec toutes les vicissitudes que comportent pareilles aventures, je sens aussi fourmiller dans ma jambe de bois un regain de sève.

L’enclos, je l’ai ouvert moi-même aux petites chevrettes. Je crois avoir aiguisé les cornes et limé les sabots, donné des leçons de self-défense, armé l’esprit critique et encouragé la combativité.

Les loups restent dangereux, nombreux. Ils jaugent l’animal et attendent leur heure. Monsieur Seguin pourrait encore monter au créneau s’il le fallait. Du moins le croit-il !


Epouse-Nomade devait rentrer tard hier soir.
            Pas d’heure précise.
                    Tard !

Une intuition m’a pris.
Comme il pluvinait serré, je suis allé ouvrir le portail, puis la porte — les portes !  — du garage.
Le deuxième vantail achevait-il à peine sa course qu’Epouse-De-Retour s’engouffrait dans l’allée.

— Waooooh ! tu as vu la synchronisation ? Raconte-moi ta journée ! J'ai fait chauffer la bouilloire.

Je crois bien qu’elle n’y a vu que du feu. D’ailleurs, dans la cheminée flambaient les belles bûches fendues au printemps.

Posté par la_richmoutiere à 06:01  - Matutinal tea   - Commentaires [10]   - Rétroliens [0]  - Permalien [#

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Commentaires
J
Un jour, il va falloir que je lise ce livre ! ;-)<br /> <br /> Je viens de voir "La faute à Fidel" où la bonne soeur n'accepte pas l'analyse de ce texte par la petite Anna.<br /> <br /> Elle finit par changer d'école.<br /> <br /> Joli texte, Papistaches. Le vôtre, bien sûr.
V
Je vous souhaite un très agréable week-end en famille, Papistache (même si je sais par avance qu'il le sera...). .<br /> <br /> Bisous à Mamoune.<br /> <br /> Profitez bien ;)
M
Savoir apprécier l'éphémère (et l'éphépère évidemment !)est la sagesse suprême.<br /> Je vous souhaite à vous et à Mamoune beaucoup de bonheur dans votre "ferme" remplie de cris joyeux et de rires ...
P
C'était l'automne, mon humeur devait être à la mélancolie.<br /> Aujourd'hui, Mowgli sa mère et son père sont à la bergerie (la chèvrerie ) et le loup est bien loin.<br /> Monsieur Seguin se réjouit de savoir sa ferme bruissant de l'agitation des jours anciens. Il sait que ce sera éphémère mais il a appris à jouir du temps présent avec toute l'acuité de ses os recalcifiés aux sourires du bambin curieux.<br /> <br /> Sandrine, Aude, Miss-Ter, voyez Janeczka qui arrive avec sa joie de vivre, elle bouscule le vieux geignard, elle a raison. Qu'elle croque le loup, après tout ! C'est de son âge, elle a toute la nuit devant elle et vous pouvez la rejoindre ; à quatre contre un loup, les biquettes ont leur chance.<br /> <br /> Allez, je n'ai pas envie de sombrer dans la mélancolie. Dans deux jours et pour deux jours toute la cellule familiale se recompose pour de vrai ...
J
Une jambe de bois? un oeil de verre, aussi?
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